La vie monastique / Apprendre à aimer et vivre

Comment m’aimer moi-même et me connecter véritablement de cœur à cœur avec les autres ? Quand j’aurai 80 ans, pourrai-je regarder en arrière et dire que j’ai vécu profondément ? Quel est le but de ma vie ? Quelle est ma place dans la société ?

Ces questions universelles ont conduit un groupe de jeunes personnes sur la voie spirituelle, choisissant ainsi de vivre en tant que monastiques dans une communauté bouddhiste multiculturelle.

Le 25 janvier 2022 en France et le 27 janvier au Vietnam, quelques jours seulement après le décès de notre maître Thich Nhat Hanh (« Thây »), 35 personnes ont pris les vœux de moines et de nonnes novices et sont devenus membres de la famille « Mimosa » – derniers disciples directs de Thây.

Nous nous sommes entretenus avec six d’entre elles en France pour découvrir leurs parcours, leurs transformations, leurs défis et leurs aspirations.

Les novices de la famille d’ordination des « Mimosas »

Pourquoi devenir monastique?

Frère Troi Dinh Tuc (Frère“Concentration du Contentement »), un ancien officier de marine italien, a su qu’il voulait devenir moine il y a 11 ans. 

Fr. Troi Dinh Tuc – Italie

« Je ne savais pas quoi faire de ma vie. J’ai étudié, fait de mon mieux, voyagé et essayé d’apprendre ce qu’était le bonheur. Les chemins habituels vers le bonheur se sont avérés causer beaucoup de souffrance, et c’était la même chose partout où je voyageais dans le monde.
Mon esprit avait la sensation d’être une voiture puissante que je ne pouvais pas contrôler. Lorsque j’ai découvert la pratique spirituelle enseignée par le Bouddha, cela m’a fait du bien.

« Apprenez à maîtriser votre esprit. Ralentissez et, petit à petit, apprenez à aimer et à vivre en harmonie avec la vie…« 
ll m’a donc semblé très naturel qu’après le collège et l’université vienne la formation monastique (rires)…
J’ai partagé cela très sérieusement avec mes parents qui sont issus de trois générations d’ingénieurs militaires ! Ils ont beaucoup de confiance et d’amour pour moi et pouvaient voir comment la pratique influençait ma vie. J’ai eu la sensation d’être respecté. Bien sûr, ils avaient des doutes, surtout pour la situation que je laissais derrière moi, à partir d’un rien pour eux ! Mais ils touchent du doigt la valeur de ce mode de vie, avec la conscience de la mort, la conscience que le temps n’est pas sans limite, et que cultiver les vertus est quelque chose qui a du sen
s. »

Sœur Trang Lam Hy (Sœur “Forêt de Joie »), d’Allemagne, avait travaillé comme éducatrice d’adultes, puis comme jardinière communautaire. Elle est arrivée au Hameau du Bas en 2016 et y a lancé la Ferme heureuse avec un groupe de sœurs et d’amies.

« Je vivais une vie très remplie et épanouissante avant et j’aurais pu continuer ainsi. Mais quand j’aurai 80 ans et que je regarderai en arrière, me serai-je vraiment connecté à la vie ?
Mon aspiration principale est de toucher la vie en profondeur, de réaliser le chemin et de mieux me comprendre et de comprendre mon esprit.
Lorsque je contemple les enseignements, que je vois des aspects de ma personnalité et que j’ai des idées sur moi-même, cela me donne une grande énergie pour continuer et me connecter à la vie.
J’ai demandé à quatre de mes amies les plus proches de me donner leur avis, comme un conseil, car je ne voulais pas faire ce choix toute seule. Elles se sont senties très honorées d’être incluses, et je me suis sentie dynamisée de pouvoir les inclure, sachant que je ne suis pas seule sur ce chemin. »

Sr. Trang Lam Hy invitant la grande cloche au Hameau du Bas

Frère Troi Dinh Tin (Frère “Concentration de la Foi ») est un jeune chercheur originaire de Belgique.

« Avant de venir au Village des Pruniers, je cherchais ma place dans le monde. Par hasard, j’ai découvert le Village des Pruniers et quand j’ai vu les frères et les personnes qui vivent ici, j’ai eu la sensation de faire partie de ces personnes plus que de tout autre endroit. C’était juste un fort sentiment d’appartenance, même si je ne connaissais rien au bouddhisme. Je ne plaisantais donc pas vraiment quand j’ai dit que je voulais être moine lorsque j’ai vu Frère Dao Son pour la première fois (rires). »

Frère Troi Dinh Tin (centre) avec Fr. Troi Dinh Thanh (à gauche) et Fr. Troi Dao Son (à droite)

Sœur Trang Tam Duc (Sœur “Cœur vertueux ») est née et a grandi à Hue, la même ville du Vietnam où Thay a été ordonné moine novice. Pourtant, elle a découvert les enseignements de Thay il y a seulement huit ans.

Sœur Trang Tam Duc

« Ce fut la toute première fois que j’entendais un enseignement de Thay (en vietnamien) sur YouTube. Le titre était « Le but de notre vie ». J’ai été vraiment marquée par ce discours et je me suis demandée : quel est le but de ma vie ? Est-ce que je veux de l’argent, du pouvoir, avoir quelqu’un qui soit toujours à mes côtés et qui m’aime ? J’ai lu et écouté d’autres enseignements de Thay et les partages de nombreux moines sur le site du Village des Pruniers. J’ai alors su que je voulais vivre ma vie comme une personne libre.
Comme Thây l’a dit, seule une personne libre peut être une personne heureuse et si je suis heureuse, je peux m’aider et aider les autres. Deux mois plus tard, j’ai écrit une lettre à Thay et à la sangha pour demander à devenir nonne. Malheureusement, je venais de recevoir une bourse pour étudier la dentisterie au Japon et je ne pouvais pas l’annuler. Mais j’ai gardé cette grande aspiration pendant huit ans. Je me sens très chanceuse d’avoir trouvé une voie spirituelle. »

Cultiver le véritable amour,
Les joies et les peines

Est-il possible de vivre une vie heureuse et épanouie sans avoir de partenaire et de relation physique ? Cela vaut-il la peine de relever le défi ?

Fr. Troi Dinh Tuc – « J’ai grandi en Italie, dans une culture où il y a beaucoup de familiarité et d’intimité physique et où il est facile d’explorer le sexe. C’était pour moi une sorte de refuge, un endroit sûr où mes jugements intérieurs et mes difficultés pouvaient momentanément être en paix..
En vivant au monastère, il est très intéressant pour moi d’explorer le célibat. Cela m’aide à être plus conscient de mon énergie sexuelle et de la façon dont elle influence ma façon de percevoir et d’interagir avec les personnes. Au début, c’était très difficile ; je ressentais un grand manque. Mais j’ai développé une curiosité – pourquoi ce besoin important ? Petit à petit, j’ai commencé à voir à quel point tout cela était enchevêtré, à quel point j’étais inconscient et à quel point il m’était difficile d’avoir de véritables connexions de cœur à cœur. Avec les limites claires du vœu monastique, je peux être plus honnête dans le traitement de mes peurs, de ma honte et de mes luttes intérieures, ce qui leur permet ensuite de se manifester et de se transformer dans mon corps. J’apprends à toucher l’enfant intérieur vulnérable qui recherche l’attention, l’appréciation, l’acceptation, et j’apprends à offrir cela à ces parties vulnérables en moi. C’est un processus profond qui m’aide à faire preuve de compassion envers moi-même et envers les comportements qui ne respectent pas pleinement la beauté et la sainteté du corps humain. C’est un voyage très précieux et transformateur
. »

Sr. Trang Lam Hy – « J’ai eu des relations à long terme avant de connaître la pratique et j’avais souvent la sensation que l’autre personne avait la responsabilité de me faire plaisir. En devenant nonne, j’ai la sensation de reprendre mes responsabilités et, en même temps, de ne pas prendre trop de responsabilités pour le bonheur de quelqu’un d’autre.
C’est une sorte de souveraineté – je m’appartiens complètement... Cette sensation de liberté totale est forte et puissante.
Vivre en communauté, ça permet déjà d’avoir des moments où l’on est ensemble et où l’on partage sa journée, comme si l’on vivait avec des amies à l’extérieur sans avoir à être en couple. Le sentiment d’intimité est là. Je commence tout juste à me faire des amies dans la communauté et j’ai parfois la sensation d’être mariée à toute la communauté. Je découvre ce que cela signifie. C’est tellement riche. Parfois, je me dis aussi : « Oh, je ne sais pas pourquoi j’ai signé, pour ne plus jamais avoir de relation amoureuse ». Nous sommes tous programmés pour avoir un partenaire et je ne sais pas encore totalement ce que cela signifie de lâcher cela et de vivre avec une communauté. C’est assez intéressant. »

Sœurs sur le chemin

Et après 101 jours en tant que jeune moine ou moniale ?

Frère Troi Dinh Thuong (Frère “Concentration de la Stabilité »), un musicien allemand, a passé une merveilleuse première nuit dans la résidence monastique.

« La deuxième nuit, je n’ai pas pu dormir à cause des ronflements et j’ai failli avoir une crise de panique, pensant que je devais me défroquer immédiatement ! Dès que j’ai pénétré dans la résidence, je me suis demandé ce que je ressentais en franchissant cette porte. J’ai eu la sensation d’être en harmonie. Cela ne signifie pas 100 %, mais un certain pourcentage que nous devons ressentir pour être en harmonie. Mon « abbé intérieur » a besoin de sentir qu’il y a une harmonie dans mon système. Si la réponse est « oui », je peux continuer. Sinon, j’arrête tout et je prends soin de ce qui cause la disharmonie. »
« L’aspect cérémonial (de la vie monastique) est quelque chose auquel je ne suis vraiment pas habitué. C’est quelque chose pour lequel je ne ressens pas encore de liens. Il est sain pour moi d’être honnête avec ces aspects de ma vie monastique, de voir où j’ai la sensation que cela convient et où cela ne convient pas. Cette honnêteté est très importante dans mon cheminement. Prendre cette robe fait une différence. Je vois qu’elle représente la stabilité, pour Thay et la communauté, et les personnes s’y réfugient vraiment et l’apprécient. J’en ressens de l’humilité. »

Frère Troi Dinh Thuong (à gauche) avec Fr. Troi Dao Phuong

Sr. Trang Lam Hy était un peu nerveuse d’emménager dans la résidence monastique.

« Il y avait presque une crainte – pouvons-nous vivre confortablement les unes avec les autres ? Mais j’ai ensuite réalisé que nous étions des personnes normales vivant ensemble.
La vie ici est à la fois si ordinaire et si extraordinaire...
Je suis encore en train d’arriver. Quand je regarderai en arrière dans six mois, je me sentirai probablement encore plus détendue. »

Sr. Trang Lam Hy avec Zoé (au centre) et Lian (à droite) qui sont « aspirantes »

L’ordination des derniers disciples de Thây

Lorsque Thây est décédé le 22 janvier, de nombreux membres de la sangha se sont demandé :
« Devons-nous maintenir l’ordination des novices prévue le 25 janvier ? »

▶ « Je me suis senti très heureux que la sangha ait décidé de conserver l’ordination des novices, car cela m’a semblé être un symbole significatif de la continuité, de la progression », a déclaré le Fr. Troi Dinh Thanh (Frère “Concentration de l’Accomplissement »). 

« Au moment où j’ai appris la nouvelle du décès de Thây, ma mère et moi admirions le coucher de soleil au Hameau du Haut. Le lendemain matin, je me suis sentie attiré vers la hutte de Thây pour assister au lever du soleil. Les carillons à vent tintaient et c’était si beau, comme un message de Thây disant :  » Je suis là. Je suis comme le soleil, qui va et vient en toute liberté. Ne me cherchez pas dans un corps. Voyez-moi partout, en vous, autour de vous, et surtout dans la sangha. »

La maman de Fr. Troi Dinh Thanh sur la terrasse de la hutte de Thay

Fr. Troi Dinh Tin attendait l’ordination depuis longtemps et comptait les jours.

« Le moment où j’ai appris le décès de Thây était exactement le moment où ma famille est arrivée. Ce fut un véritable choc. Je pensais que seules deux choses pouvaient retarder l’ordination – Covid ou le décès de Thây, et les deux se sont produites ! J’ai installé ma famille, puis je suis allé directement dans la salle ancestrale et j’ai allumé un encens pour Thây. Je n’ai jamais rencontré Thây, mais d’une certaine manière, je pouvais le sentir. Je ne sais pas si c’est juste mon imagination ou une sensation intérieure. Je ressens un grand honneur à prononcer mes vœux en cette période, et le fait que tous les frères et sœurs soient venus des autres centres [pour les services commémoratifs de Thây] a fait de cet événement un moment très fort. »

Sr. Trang Tam Duc était au Vietnam et se préparait à se rendre en France pour être aspirante au Hameau Nouveau.

« Quatre jours avant le décès de Thay, on m’a appelé pour vérifier sa santé bucco-dentaire. J’ai dit à Sr. Dinh Nghiem, l’attendante de Thây, que je partais bientôt pour la France. Bien que les yeux de Thây étaient fermés, ils clignaient et il écoutait notre conversation. En fait, sa santé buccale n’était pas si mauvaise. J’ai pensé qu’il souhaitait peut-être me rencontrer avant son décès.
Sachant que c’était peut-être la dernière fois que je voyais Thây, j’étais très consciente et j’ai vraiment apprécié ce moment avec lui..
Je ne pensais pas encore avoir une chance d’être ordonnée. Mais l’après-midi du décès de Thây, Sr. Dinh Nghiem a appelé et a dit :  » Êtes-vous prête à être ordonnée ? Empaquetez tout et venez immédiatement au Temple racine si vous l’êtes ». Je me sens si chanceuse d’être l’une des plus jeunes disciples de Thây.
»

La paix commence à l’intérieur

La vie dans un monastère peut sembler être une évasion des souffrances du monde. Comment votre choix de vie contribue-t-il à votre famille, à la société et au monde ?

Fr. Troi Dinh Thuong – « L’une des plus belles choses du Village des Pruniers, c’est que je peux toujours dire aux personnes : « Si vous avez besoin d’un endroit où vous reposer, vous pouvez venir ici ». Je vois que les personnes touchent ici un moment de clarté sur les questions de leur vie. Personne ne sait ce que vous faites ou ne se soucie de ce que vous faites. C’est un lieu de refuge où vous pouvez vous reposer de tout cela.
J’ai été en contact avec des artistes qui ont tout le prestige mais qui ont décidé de mettre fin à leur vie. Cela me frappe à chaque fois – Et si cette personne avait connu le Village des Pruniers et avait eu la chance de venir ici pendant trois mois ?
Je veux contribuer à ce que cet organisme (appelé Village des Pruniers) existe un peu plus longtemps dans le futur en tant que lieu de refuge.
Que ce que nous faisons ait du sens ou non n’a rien à voir avec le fait d’être monastique ou non, mais avec le degré d’implication que nous voulons avoir. Le Village des Pruniers est une cellule du corps mondial. Je me sens fier d’être ici.
»

Fr. Troi Dinh Thanh – « J’ai la sensation que pratiquer ici, dans cette communauté, est bénéfique pour moi, pour la société et pour le monde en général. Lorsque j’ai commencé à m’engager sur la voie spirituelle, je me suis demandé comment je pouvais contribuer à la paix et à la joie dans le monde. Je ne le savais pas à l’époque. Mais maintenant, il est clair que le mieux que je puisse faire est d’être en paix, d’être joyeux. Je ne me sentirais pas bien si je le faisais seul, mais le simple fait que nous soyons une communauté vivant en harmonie est un exemple pour le monde. Lorsqu’il y a la guerre dans le monde, les gens peuvent voir qu’il y a une façon de vivre en harmonie, même s’il n’est pas toujours facile de vivre en harmonie avec des personnes très différentes venant de milieux et de cultures très différents. Pourtant, nous pouvons nous comprendre et nous aimer les uns les autres. C’est un exemple concret et ce n’est pas un hasard. C’est définitivement un acte révolutionnaire dans un monde où souvent, les relations humaines ne sont pas valorisées.
Je vis dans un monastère, mais je suis profondément connecté à ce qui se passe dans la société et dans le monde. Je choisis mes sources d’information avec soin car c’est une sorte de nourriture qui a le pouvoir de construire notre vision du monde et donc d’orienter nos actions. Je cultive des pensées, des paroles et des actions aimantes en revenant à la respiration et au corps pour être conscient lorsque les graines de la colère et du désespoir se manifestent en moi. Je ne suis peut-être pas en mesure de mettre fin aux guerres actuelles, mais je contribue activement à prévenir les guerres futures en cultivant la paix en moi et autour de moi. »

Sr. Trang Tam Duc – « J’aime vraiment ma famille et même si je suis loin d’eux, avec la pratique, je n’ai pas la sensation d’être vraiment loin. J’ai la sensation d’emmener toute ma famille avec moi. Si je suis heureuse, je peux envoyer ce bonheur à ma famille au Vietnam. Pratiquer la pleine conscience dans notre vie quotidienne et générer de l’amour et de la compassion m’aide et aide ma famille. Après que ma sœur de sang et moi sommes devenues nonnes, ma famille a commencé à pratiquer ensemble. J’en suis très heureuse ! Nous pouvons commencer petit à petit. Si nous sommes en paix avec nous-mêmes, les personnes qui nous entourent peuvent le ressentir et être plus en paix en voyant nos sourires. Je suis sûre que, jour après jour, nous pouvons aider de plus en plus de personnes. »

Fr. Troi Dinh Tin – « Mon aspiration la plus profonde est de réaliser la voie montrée par le Bouddha et de continuer à traduire les enseignements de Thay pour le monde d’aujourd’hui.
Le Village des Pruniers est un monastère bouddhiste du XXIe siècle. Je suis donc ici pour comprendre et suivre la voie enseignée par le Bouddha. Jouer un petit rôle dans la préservation du Dharma et le partager avec les personnes est une source de grande joie. Au centre de ma vie monastique, il y a la réalisation du chemin qui mène au plus grand bonheur. Cela semble très religieux, mais c’est très concret. Il existe des instructions et des pratiques claires pour me soutenir. Je souhaite garder l’esprit ouvert pour voir ce qui contribue réellement au bonheur et me défaire de l’attachement et de l’identification. Voila. »

À partir de la guache: Sr. Tai Nghiem, Sr. Trang Lam Hy, Fr. Troi Dao Son, Fr. Troi Dinh Tin, Sr. Trang Tam Duc, Sr. Trang Linh Di

En savoir plus

  • Plus d’informations sur devenir monastique (Frs. Troi Dinh Thuong et Troi Dinh Tuc ont été ordonnés dans le cadre du « programme de 5 ans », tandis que les autres novices « Mimosa » sont ordonnés à vie.)
  • Photos de la cérémonie d’ordination « Mimosa » en janvier 2022

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What is Mindfulness

Thich Nhat Hanh January 15, 2020

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