Cette série de questions/réponses a été enregistrée le 7 avril 2013 en Thaïlande, lors du troisième enseignement du dharma de Thầy, à la retraite » Écoles et enseignants » d’avril 2013, en Thaïlande, réservée aux Enseignants.
Q: J’ai de la souffrance, mais quand j’essaye d’échapper à la racine de cette souffrance, mes étudiants viennent me voir pour obtenir de l’aide concernant leurs propres problèmes, et à ce moment là ma mère m’appelle au téléphone pour me dire que mon père veut lui faire du mal. Comment puis-je gérer en même temps ces trois sources de souffrance ?
R: Vous essaierez d’écouter la souffrance de vos étudiants et de votre mère, mais vous ne pouvez résoudre qu’un seul problème ! C’est très clair, vous devez d’abord dire à votre mère que vous parlerez avec elle, réfléchirez au problème et la rappellerez. C’est tout à fait logique. Afin de ne pas être submergé par trop de choses en même temps, nous devons apprendre à nous ménager et à nous nourrir nous-mêmes pour avoir assez de capacité pour gérer de multiples problèmes.
Il y a deux choses: d’abord apprendre à gérer la souffrance et ensuite à cultiver le bonheur. Vous devez apprendre à guérir vos blessures et à fortifier votre corps. Je dois répéter l’exemple du trajet vers l’école: marchez de manière telle que vous puissiez vous nourrir vous même. Pour n’importe quelle activité quotidienne , pratiquez de telle sorte pour que celle-ci devienne une source de nourriture pour nous. Lorsque votre vie quotidienne vous alimentera, vous aurez assez de force pour ne pas être submergé par de multiples problèmes. Si un médecin voit qu’un patient est trop faible pour subir une opération, il différera l’intervention chirurgicale pour permettre d’abord au patient de reprendre des forces . Apprendre à vivre heureux à chaque moment est très important pour réduire la souffrance. En ouvrant le robinet, vous vous sentez heureux. En brossant vos dents, vous vous sentez heureux. Apprendre à apprécier et à savourer toutes ces choses journalières basiques est vital et ce sera la pleine conscience qui vous maintiendra attentif à la souffrance et à ses solutions.
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Q: Quand je pratique, il y a vraiment des transformations mais elles ne durent pas. Par exemple, je suis capable de voir ma colère monter et de la laisser passer, mais je ne l’ai réalisé que quelques fois et je me sens très découragé. Comment puis-je conserver les résultats de ma pratique?
R: Si vous vous forcez à inspirer en pensant que c’est bien, ce n’est pas une pratique sage. Si vous commencez à respirer d’une manière qui vous rende heureux et stable dans les trois ou quatre premières secondes, c’est une pratique sage. Ne vous forcez pas à pratiquer, cela fait souffrir. Le Bouddha a dit que le Dharma est merveilleux au début, au milieu et à la fin. Vous devriez vous sentir calme et heureux pendant toute l’inspiration, pas seulement à sa fin. Donc abandonnez la pratique comme moyen, et le bonheur comme résultat . Le bonheur n’est pas une destination mais un chemin. Il n’y a pas un chemin vers la relaxation, la relaxation est le chemin. Vous ne pouvez pas vous forcer à vous relaxer! Une bonne pratique est une pratique durant laquelle vous ne souffrez pas! Si vous souffrez pendant la méditation marchée, ce n’est pas une bonne pratique. Si vous inspirez et expirez au son de la cloche en ressentant de la souffrance, ce n’est pas une bonne pratique. Prenez plaisir à votre pratique et cette question ne se posera plus.
Q: Comment les enfants et les petits enfants peuvent-ils se réconcilier avec des parents ou des grands-parents qui les ont blessés ou abusés ? Nous voulons aussi aimer nos aînés, mais nos blessures sont encore trop fortes.
R: Lorsque nos parents souffrent et ne savent pas comment gérer leur souffrance, il nous la transmettent. Donc en regardant dans notre souffrance, nous pouvons voir la souffrance de nos parents. Si nous ne transformons pas cette souffrance, nous la transmettrons aussi à nos enfants. C’est le samsara de la souffrance.
Nous pensons en général que nos parents sont à l’extérieur de nous, qu’ils sont des personnes différentes. Ce n’est pas vrai, ils sont à l’intérieur de nous, entièrement présents dans chacune des cellules de notre corps. Le bonheur et la souffrance de chaque cellule de notre corps est aussi celle de nos parents.
Si nous ne transformons pas la souffrance de nos parents en nous, nous ferons également souffrir les gens que nous aimons le plus. Nous ne devrions pas essayer de changer le père ou la mère à l’extérieur de nous sans changer le père ou la mère à l’intérieur de nous. Nous devons nous souvenir que nous sommes la continuation de nos parents. Nous les emmenons dans le futur. Donc à chaque fois que vous marchez, invitez votre père ou votre mère intérieur (e) à se joindre à vous pour qu’il ou elle puisse goûter les merveilles de la vie et être ainsi transformé en vous.
Savourez une tasse de thé avec eux, de sorte à ce qu’ils puissent être transformés à l’intérieur de vous. C’est plus facile de transformer votre père ou votre mère intérieur (e) avant de vous focaliser sur le père ou la mère à l’extérieur de vous.
Nous pouvons transformer nos parents intérieurs en des personnes aimantes, pleines de joie, compatissantes et mettre fin à leur samsara en nous. Nous serons alors en situation d’aider notre père, notre mère extérieurs à changer. Mais pas avant, car un père intérieur en colère se confrontant à un père extérieur en colère, cela ne peut mener à grand chose! J’ai vu des enfants revenir aider leurs parents. Prendre refuge dans les Trois Joyaux et les cinq entraînements est la voie la plus parfaite pour guérir les blessures et se transformer.
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