Témoignage / Consommer de manière à nourrir la joie et la paix (1ère partie)

En cette période de fin d’année, nous pouvons nous appuyer sur le cinquième entraînement à la pleine conscience qui nous invite à consommer de manière à nourrir la paix et la joie. Laurent, membre de l’Ordre de l’Inter-Être, nous partage son expérience  au Village des Pruniers en lien avec ce cinquième entraînement.

Récemment mon regard sur la boutique du Village des Pruniers a changé, mais avant de vous raconter pourquoi, je dois vous confier une anecdote qui s’est produite en 2014 lors de ma première retraite. Pour moi, tout était découverte, même si j’avais déjà lu des livres de Thây, j’avais le regard d’un enfant qui découvre tout pour la première fois. Dès mon arrivée, on m’a désigné une famille, c’est-à-dire un groupe de 20/25 personnes avec laquelle nous mangions la plupart de nos repas. Je me souviens très bien que lors du premier repas, j’ai rejoint le cercle et commencé à manger avec mon énergie d’habitude et après quelques minutes à peine, j’avais terminé ma nourriture. J’ai levé mon nez de mon bol et j’ai réalisé que tout le monde autour de moi mangeait très lentement. Sans qu’on me fasse aucune remarque, je me suis senti mal à l’aise car je réalisais que dans un monastère, manger était une pratique de méditation de pleine conscience. Comme j’avais engouffré mon repas, j’avais tout mon temps pour me rendre compte de la vitesse à laquelle j’avais mangé.

Lors du repas suivant, je décidais de manger plus lentement, de savourer chaque bouchée. Mais malgré mon désir de ralentir, j’avais quand même terminé le premier. Zut, re-malaise, je suis de nouveau avec du temps et je décide de l’utiliser pour observer la famille attentivement afin de percer le mystère. Je découvre une technique que plusieurs semblent appliquer : déposer la cuillère entre chaque bouchée et mâcher tranquillement sans prêter attention à son bol avant la bouchée suivante. Fort de cette trouvaille, je vais me donner une 3e chance pour manger en pleine conscience. Je décide donc d’appliquer à la lettre cette nouvelle méthode et enfin, je réussis à ne pas terminer mon diner le premier. Voilà, je me sentais enfin dans le groupe, faire partie de la famille.

Mais l’anecdote ne s’arrête pas là, car ce qui était très intéressant pour moi, c’est ce qui a suivi le repas. Une demi-heure plus tard, je me suis dirigé vers la boutique. Une fois à l’intérieur, j’ai amassé un tas d’objets que j’ai décidé d’acheter. En sortant de la boutique, j’ai pris conscience que quelque chose d’important s’était produit sans que j’y prête attention. J’ai décidé d’écouter une forme de malaise qui était apparu suite à mes achats et il m’est venu la réflexion suivante : lors du repas, l’avidité que j’avais réussi à freiner avec ma volonté, voire avec une énergie de contrôle, s’était manifestée ultérieurement à l’intérieur de la boutique. Cette même énergie d’habitude s’était déplacée à un autre endroit parce que je n’avais pas vraiment réfléchi à mes besoins et que je m’étais juste précipité sur ce que je voyais, sans réelle nécessité.

À la suite de cette expérience, la boutique est devenue pendant plusieurs années un lieu où je me rendais avec précaution car je craignais que cette graine d’avidité ne se manifeste. C’est seulement récemment que mon regard a changé. Suite à un échange avec Adrien, le responsable de la boutique. Il me partageait sa vision sur son travail : « Ce n’est pas une boutique de souvenirs, c’est un lieu où l’on peut trouver des outils du dharma qui permettent de soutenir notre pratique. »

Grace à cet échange, aujourd’hui je me rends compte que je n’ai plus besoin de craindre la boutique. D’ailleurs, mes graines d’avidité ne sont pas dans le lieu mais en moi, elles peuvent se manifester quand je mange ou quand je fais des achats. En les identifiant et les reconnaissant, je peux les embrasser et ne plus être poussé par elles. Ce qui fait que je suis plus libre. Libre de me poser la question : est-ce que c’est ma petite graine d’avidité qui se manifeste ou ai-je un réel besoin ?  Et je sens même un soulagement. Je réalise les projections que je pouvais avoir chaque fois avec cette image de la boutique comme étant un lieu de consommation. Cette image m’amenait à consommer, alors qu’en voyant la boutique comme un lieu où l’on permet aux pratiquants de rentrer chez eux avec un objet venant soutenir leur pratique, en fait du coup ça devient un vrai soutien, une aide.

Cette prise de conscience est vraiment précieuse en cette période de Noël ou l’énergie collective de consommation est très présente dans notre société occidentale.

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Thich Nhat Hanh January 15, 2020

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