Réflexions pour une attitude plus juste face à la crise :
La voie du bodhisattva
Marc Puissant (Chân Thâm Hanh) a eu le bonheur de rencontrer Thich Nhat Hanh en 1996. Cette rencontre a bouleversé sa vie et lui a fait dire : « J’ai enfin trouvé ma vraie famille !» , ce qui est toujours le cas jusqu’à ce jour. Marc est un Membre de l’Inter-Être depuis 1998. Ayant reçu la transmission de la lampe de Thich Nhat Hanh en 2003, Marc témoigne de par ses enseignements qu’une voie de guérison est possible et que le chemin du bonheur se trouve parfois au coeur des plus grandes souffrances.
Avant propos
Si j’écris ces réflexions maintenant, c’est que j’ai vécu la semaine dernière une énorme colère suite à la nouvelle que le gouvernement durcirait encore plus les mesures sanitaires et restrictives en transformant le passe sanitaire en passe vaccinal. Je ne connaissais pas mes graines de colère ou si peu, et j’ai été stupéfait par la force des émotions qui m’ont alors envahies : la colère, l’exclusion, le ressentiment, l’injustice, etc… Je dois dire que j’ai choisi de ne pas me faire vacciner, car depuis des années je me soigne par une médecine alternative qui consiste à renforcer le système immunitaire, et à équilibrer le microbiote intestinal. Devant l’ampleur de ces émotions j’ai respiré et je suis revenu à la pratique de Thây afin de prendre soin de cette colère. Il m’aura fallu presque deux jours pour calmer ces émotions, voir et comprendre ce qui se jouait pour moi a ce moment. Cet évènement m’a ouvert les yeux et permis de ré-approfondir la pratique du chemin se transformation et de guérison enseigné par le Bouddha. C’est le résumé de mon voyage au cœur de ma souffrance et de ma transformation que j’ai envie de partager avec vous ici.
Introduction
L’année qui se termine fut difficile et anxiogène pour beaucoup d’entre nous. La Covid s’est installée dans notre quotidien. Nous-mêmes ou des proches ont contracté le virus. La peur et l’anxiété se sont diffusées dans la société. De nombreux médias, ainsi que le gouvernement ont amplifié ces peurs et diffusé des informations contradictoires et parfois fausses. Au nom de l’intérêt général, nos libertés individuelles et collectives se sont réduites progressivement. Le Passe sanitaire a succédé au confinement. Le passe vaccinal va être effectif en début d’année.
Cette épidémie s’inscrit dans le cadre d’une crise de société, voire de civilisation beaucoup plus vaste. C’est la fin d’un monde qui a atteint ses limites et qui craque de partout et dans tous les domaines : santé, sens du travail, économie, éducation, réchauffement planétaire, migrations, famines, extinction des espèces, rejet du politique, manipulation de nombreux médias, violences relationnelles, etc… En Astrologie nous dirons que nous quittons l’ère du Poisson pour entrer dans l’ère du Verseau avec tout ce que cela implique de morts et de renaissances.
C’est la fin du vieux monde. Il n’est pas étonnant que dans ces périodes de transition l’insécurité, l’angoisse et les peurs enflent et envahissent toute la planète. Beaucoup ont perdu leurs repères et appellent à l’aide pour qu’un homme providentiel vienne les sauver, les rassurer et restaurer le monde stable d’avant ; la montée des populismes dans le monde le prouve.
Les opposés s’exaspèrent : les progressistes contre les conservateurs. Les partisans de la croissance, du consumérisme contre ceux qui prônent des valeurs plus humaines, plus solidaires, et une sobriété heureuse, etc… Nous sommes en plein dans la pensée unique et binaire qui pousse les gens à être pour ou contre. Nous avons perdu la voix du milieu, du dialogue et de l’écoute de l’autre.
Nous pouvons penser que les mois, voire les années à venir vont générer de plus en plus de chaos, de violence et de peur. Nous devons en tant que pratiquants nous tenir prêts pour vivre le mieux possible ces tempêtes et aider les autres à en faire de même.
Obnubilés par ce qui va mal et s’effondre, conditionnés par les médias pour qui les catastrophes apportent plus d’audimat que les bonnes nouvelles, nous ne voyons pas ou plus, toutes les belles fleurs qui poussent un peu partout. Tous ces gens qui œuvrent pour la naissance du nouveau monde et mettent en action dans leur vie le monde dont ils rêvent. C’est ce que dit cette phrase que nous connaissons tous : « Le bruit de l’arbre qui tombe étouffe le bruissement des arbres qui poussent ».
Dans ce climat délétère, nous, pratiquants du Village des Pruniers sommes concernés au premier chef : dans nos familles, au bureau, à l’école, etc.. Nous sommes poussés à choisir pour ou contre le vaccin, y compris dans nos sanghas où certains pratiquants non vaccinés ne peuvent plus se réunir en présentiel avec les amis vaccinés, qui eux peuvent accéder aux espaces demandant le passe sanitaire.
Nous savons que dans certaines sanghas des tensions et parfois des conflits naissent entre les pro-vaccins et les anti-vaccins.
Nous sommes plusieurs pratiquants qui depuis quelques temps réfléchissons à cette situation qui s’exaspère au fur et à mesure que la covid progresse et que les pouvoirs publiques renforcent la peur, les contrôles et veulent imposer à tous la vaccination.
Il nous parait important que dans cette période de grande insécurité, de confusion, de désinformation, de tensions et de multiples conflits, nous nous souvenions des enseignements du Bouddha, de ceux de Thây et des sœurs et des frères du Village des Pruniers.
Ces enseignements peuvent nous éclairer sur la manière de vivre le mieux possible cette crise et de répondre aux questions que nous nous posons ; par exemple :
« Comment prendre soin de nous et des autres?, que faire face au choix qui nous est imposé d’être pour ou contre la vaccination ? Comment gérer nos peurs, nos confusions, nos culpabilités et nos colères ? Comment créer du lien avec ceux avec qui nous sommes en conflit ou ceux qui souffrent autour de nous ? …
En bref, comment suivre le chemin des bodhisattvas et développer la vue juste, la pensée juste et l’action juste ? ».
En écoutant les enseignements, en relisant les sutras nous voyons que nous avons tous les outils et les réponses nécessaires pour avancer vers la compréhension, la compassion et la paix. Il nous suffit pour commencer de relire les enseignements de base du Bouddha : les 4 Nobles vérités, le Noble Sentier Octuple, les quatre sortes de nourriture, les 5 et les 14 Entrainements à la pleine conscience. L’essentiel est offert là !
La voie du bodhisattva
Face à la situation Covid, Que Faire ?
Certains d’entre nous qui ne sont pas vaccinés et qui se soignent par une médecine alternative se posent des questions sur ce qu’il serait juste de faire : Se faire vacciner pour rester solidaire de la majorité qui l’ont été ?, continuer à refuser le vaccin pour diverses raisons respectables, ou encore entrer en résistance…
D’autres qui sont vaccinés sont malgré tout en souffrance et habités par la confusion, la peur, la colère contre les vaccinés qui les menacent…ils se posent eux aussi la question :
« Que faire ? »
Avant de prendre une décision, quelle qu’elle soit, il nous semble important d’être en paix intérieurement. Envahis que nous sommes par la multitude des émotions, des pensées et du stress, la première chose à faire, c’est de pratiquer l’arrêt : Samatha, de revenir à notre respiration, être totalement là, nous calmer et lâcher prise. Nous pouvons alors pratiquer Vipassana : la vision profonde en deux temps :
- Voir ce qui se joue en moi- mieux me comprendre
- Comprendre les autres, ceux qui ont choisi la résistance, ceux qui se sont fait vacciner, ceux qui nous forcent à nous vacciner et qui nous culpabilisent.
Prendre soin de moi, mieux me comprendre
Pratiquer l’arrêt, Vipassana
Voir, reconnaitre, accueillir, accepter, embrasser ce qui survient et le laisser passer sans s’attacher à l’agréable ou au désagréable.
Lorsque les pensées surviennent, revenir sans cesse au souffle, aux sensations du souffle et au corps. Se poser avec confiance dans la coupe du ventre, dans le souffle qui va et vient. Se laisser respirer, laisser Bouddha respirer en nous et pour nous.
Laisser advenir cet espace vaste et accueillant au plus profond de nous où tout est silence, paix et amour. Cet espace où le petit moi se dissout dans le plus vaste que soi et où nous ne sommes qu’un avec tous les êtres et tout le cosmos.
C’est de ce lieu que peuvent jaillir la vue juste, l’intuition et la bodhicitta – l’esprit d’amour.
-Puis, regarder profondément avec bienveillance nos souffrances ; les émotions qui nous animent en ce moment : peurs, angoisses, confusions, culpabilités, colères tristesse,…puis les reconnaitre, les nommer, les embrasser et les calmer l’une après l’autre. Puis comprendre les causes de ces souffrances et les vieux scénarios que nous rejouons peut-être en ce moment.
Nous avons à nous réconcilier avec les parties sombres de nous-mêmes et à ouvrir notre cœur à la compassion pour notre enfant intérieur blessé qui vit toujours en nous et qui pleure à travers nous.
Enfin Mettons en place des comportements positifs pour entrer en guérison et arroser nos bonnes graines. La méditation sur l’enfant intérieur peut grandement nous aider.
Avant de prendre une décision ou de faire un choix, il est important d’avoir pratiqué le lâcher prise comme nous l’avons vu plus haut et d’être en paix avec soi-même et avec ceux qui nous font souffrir. Sinon nos choix ou nos décisions seront effectuées sur la base d’une réaction émotionnelle du petit moi, et non sur une réponse juste inspirée par la vision profonde.
Pour ceux d’entre nous qui souhaitent entrer en résistance ou pour ceux qui hésitent.
Il me semble important de voir ce qui nous anime en ce moment :
Est-ce l’ego qui est rempli de peur qui veut se rassurer et qui se positionne comme une victime ?
ou encore, est-ce l’ego rempli de colère qui veut jouer le héros et partir en guerre contre l’ennemi ?
Regardons profondément quelles sont les motivations conscientes ou encore inconscientes qui nous animent et nous poussent à nous engager ou au contraire à ne pas nous engager : les fausses croyances, les préjugés, les vieilles mémoires de notre histoire, les héritages psycho-généalogiques, nos conflits de loyautés, nos scénarios répétitifs ou énergies d’habitudes…
Enfin posons-nous la question : Quelle est ma véritable volition ? Car c’est elle qui orientera tous nos choix de vie – nos pensées, nos paroles et nos actions.
Les critères de la décision juste – quelle qu’elle soit :
Pour ceux qui veulent entrer en résistance, ce sont par exemple : L’absence de haine, de colère ou de ressentiment contre ceux qui nous oppriment ou nous excluent. L’autre n’est pas notre ennemi comme le dit Thây dans son poème.
-Un sentiment de paix intérieure, le cœur empli d’amour, animé par la bodhicitta
-L’harmonie intérieure entre corps, cœur et esprit – Harmonie des 5 skandas. Se sentir dans son axe, orienté, vivant et aimant.
-L’ intuition profonde que notre engagement ou notre choix est une évidence pour notre propre bien et le bien de tous.
Il est parfois des situations où il est important de dire « Non ! », mais ce « non » à ce qui crée de la souffrance ou est injuste, est en fait un « oui » à la vie.
Pour ceux et celles d’entre nous qui choisissent d’entrer en résistance
Comment ne pas prendre partie et choisir la voie du milieu ?
Cela ne me semble pas évident. Si nous nous inspirons de Thây pendant la guerre du Vietnam, ne pas prendre partie l’a amené à ne pas s’engager ni au nord communiste, ni au sud pro américain car les deux partis prônaient la guerre ; Il a proposé la voie du milieu, le centre, la voie de la paix et de la non discrimination. Il s’est engagé comme un artisan de paix.
Dans le cas qui nous concerne, les deux camps sont : ceux qui souhaitent le vaccin et ceux qui le refusent. Je ne vois pas spontanément quelle est la voie du milieu, la 3ème voie.
Comment être un bodhisattva sans 3ème voie ?
La 3ème voie pourrait être celle de la sortie de la non-dualité. Une voie d’amour…
Attention de ne pas entrer dans la pensée discriminante
La pensée binaire, les bons d’un côté et les méchants de l’autre.
Les pro-vaccins à tout prix et les antivax radicaux.
Dans les deux camps il y a des radicaux qui sont dans l’absolue certitude de leur vérité, mais dans les 2 camps il y a aussi des modérés, il y a aussi des bodhisattvas. Ce sont eux qui vont pouvoir dialoguer et peut-être trouver un terrain d’entente.
Les modérés chez les vaccinés : il y a ceux qui ont accepté le vaccin (par obligation) afin de garder leur emploi, ou par peur de la maladie ou de la mort ou simplement pour garder la même vie qu’avant.
Les modérés chez les non vaccinés : il y a ceux qui sont contre tous les vaccins et parfois violents dans leurs propos et ceux qui ne sont pas systématiquement anti-vaccins, mais qui refusent ceux qui sont proposés contre la Covid au nom du principe de précaution.
Ajoutons que chez ces personnes non vaccinés il y en a beaucoup qui se soignent par des médecines alternatives. Mais les pouvoirs publics, les médias et une majorité de la population l’ignorent ou veulent l’ignorer.
C’est peut-être chez les modérés des 2 camps que les bodhisattvas vont pouvoir se rencontrer et dialoguer. La troisième voie et peut-être là ?
Lâcher prise
Pendant la méditation arrive un moment où il est bon de dire : « stop mon mental, stop les bonnes raisons qui me poussent à agir contre le système, stop ma peur, la colère, le ressentiment. Je reviens à ma respiration, je me calme, je lâche prise, je prends refuge en moi-même dans le Bouddha, le Dharma et la Sangha et je me laisse inspirer.
Rappel important, ne nous attachons pas aux vues. Nous n’avons pas la vérité, mais des points de vue. Et ces point de vue, ces vérités sont soumises à l’impermanence et peuvent évoluer dans le temps en fonction des causes et des conditions du moment.( Voir les 3 premiers des 14 Entrainements sur le non attachement aux vues, aux croyances)
Car nous savons que nos croyances, comme nos préjugés sont souvent construits sur des héritages familiaux, culturels, sociaux, et surtout sur la croyance en un soi séparé.
Comprendre celui qui me met en colère
Regardons profondément celui qui nous met en colère, essayons de nous mettre dans sa peau et ressentir ce qu’il ressent.
Je vais essayer pour l’instant dans cette réflexion, de mettre de côté les thèses d’un complot international des gens de pouvoir et d’argent ou les éventuelles manipulations ou infantilisations des pouvoirs publics et de santé à l’encontre de la population.
Nos dirigeants, les personnes du conseil de santé, comme la majorité des gens vaccinés ont terriblement peur de la maladie et de la mort. En effet depuis longtemps, notre société refuse la maladie et surtout la mort qui reste un sujet tabou et tout est fait pour la nier.
Pour eux cette perspective est insupportable et il leur faut tout faire pour mettre fin à cette pandémie. Y compris restreindre les libertés individuelles et collectives et accentuer la pression pour obliger tous les gens à se faire vacciner. Pour eux, que nous nous soignions par une médecine alternative ou que nous ne nous soignons pas, si nous refusons le vaccin, c’est que nous somme des personnes dangereuses car nous permettons au virus de continuer à se propager, nous sommes potentiellement responsables de l’engorgement des hôpitaux et, de la mort de nombreuses personnes et risquons de les faire mourir eux-mêmes.
Il n’est donc pas surprenant que leur peur génère en eux de la colère contre nous et qu’ils nous traitent aujourd’hui d’irresponsables et d’égoïstes, et peut-être demain d’assassins.
C’est donc logique qu’ils nous excluent de plus en plus et qu’ils nous ostracisent.
Rappelons-nous l’enseignement de Thây sur la peur originelle et le désir originel. Revoyons en nous et en eux – qui nous mettent en exclusion – les petits enfants qui ont frôlé la mort à la naissance et qui depuis sont coupés du paradis utérin (et avant même, la source, la cellule initiale) et vivent la souffrance d’être séparés et du manque à être. D’où la naissance des 3 poisons : L’ignorance de notre vraie nature, l’aversion et l’avidité.
Par ailleurs je peux comprendre que nos dirigeants, face à cette épidémie dont le virus est encore en partie inconnu dans ses effets à long terme, ait choisi le moindre mal- risques-bénéfices- en essayant de vacciner le plus de monde possible, espérant ainsi enrayer sinon limiter la pandémie, mais aussi et surtout sauver l’économie et revenir au monde d’avant. Quitte à ce que ce vaccin soit administré par la suite plusieurs fois dans l’année. Par ailleurs la plupart de nos scientifiques, hommes politiques ou l’ordre des médecins ne croient pas aux médecines alternatives, et donc n’agissent pas du tout en amont, en préventif, mais seulement en curatif.
Nous portons dans nos inconscients individuels et collectifs (alaya ) les peurs et les souffrances de nos ancêtres qui ont vécu les famines, les guerres, les épidémies de peste ou de choléra, ces trois fléaux qui ont fait mourir des dizaines de millions de personnes.
Pouvons-nous ressentir de la compassion pour toutes ces souffrances dans notre humanité partagée ?
Sommes nous capables d’ouvrir nos cœurs et nous positionner face à eux dans une pensée, parole et action non violente, dans la non colère, le non ressentiment.
Pouvons nous voir que notre humanité a pu traverser toutes ces souffrances et nous permettre d’être vivants encore aujourd’hui. Nous avons X milliers d’années.
Bodhisattva en action
Le bodhisatva est animé par la vue profonde de l’inter-être, du non soi et de l’impermanence. Il est en paix et bienveillant avec lui-même, il s’accepte tel qu’il est.
Ses paroles, pensées et actions se manifestent sur la base de cette paix intérieure.
Parce qu’il se voit tel qu’il est, et qu’il s’accepte ainsi, il est capable de voir les autres avec compréhension et compassion – que ce soient ses amis ou ceux qui lui font violence.
Dans ce regard, il sait que celui dont il reçoit de la violence et qui le met en colère n’est pas son ennemi, mais un être en souffrance qui fait de son mieux pour gérer son propre mal-être. Il sait que celui-ci n’est pas responsable de sa souffrance éprouvée, mais un révélateur, un stimuli, d’une ancienne mémoire ou souffrance qui était déjà là en lui-même, mais dormante.
Il peut voir que cet autre n’est pas son ennemi mais un « Bouddha déguisé » qui vient le titiller là ou ça fait mal pour l’amener à prendre soin de ses blessures et marcher vers la libération.
La non Peur
Notre engagement de bodhisattva devrait se faire aussi sur la base de la non peur, de la non naissance et de la non mort.
Nous savons que don ultime du Dharma, c’est la non peur. C’est la vision de la non naissance et de la non mort. C’est la vision de l’impermanence, du non soi et du Nirvana.
Souvenons nous que dans la dimension ultime nous ne sommes pas un soi séparé, nous sommes en interdépendance avec tous les êtres et tout le cosmos, et que nous possédons la Nature d’éveil.
Souvenons nous que nous ne sommes pas ce corps, ces sensations, ces perceptions, ces formations mentales, cette conscience. Nous somme pure lumière.
Souvenons- nous que nous sommes manifestés dans cette vie sous cette forme pour accomplir notre mission de bodhisattvas. Nous ne sommes ici que de passage. Tout est impermanent et en constante transformation.
Souvenons nous qu’il n’y a ni naissance ni mort, et que nous sommes la grande Vie, la grande Conscience, la Nature de Bouddha qui se manifeste sous différentes formes.
Souvenons nous enfin que nous sommes Nirvana : l’extinction des concepts et des afflictions. C’est l’état de non soi et de Nirvana qui nous fait goûter la paix et l’amour infini qui nous porte et nous anime, et qui permet de laisser Bouddha vivre, respirer, penser, parler et agir en nous.
Sœur Giac Nghiem (abbesse de la Maison de l’Inspir)nous rappelle cette parabole :
Au roi Pasenadi qui demandait au Bouddha que faire lorsqu’on est acculé dans une situation inextricable, sans voir de solutions ni de voies de sortie, Le Bouddha lui raconta cette parabole : « Imaginez que vous êtes dans ce type de situation, assis sur le sol et autour de vous quatre montagnes avancent vers vous et vous enserrent de tous les côtés : une au nord, une au sud, une à l’est et l’autre à l’ouest. Elles vont vous écraser, vous ne pouvez plus vous échapper, que pouvez-vous faire ? » Et le roi répondit quelque chose comme : « je m’asseois, je reviens à ma respiration, je prends refuge en moi-même, je lâche prise et je fais confiance ». Le Bouddha lui répondit : « vous avez raison, en fait ces quatre montagnes sont : la naissance, la vieillesse, la maladie et la mort. »
Je trouve que cette parabole nous parle beaucoup dans ces moments difficiles.
Relisons ces textes qui nous aident à aller vers la non-peur:
– Le Sutra de l’aide aux mourants
-Les 5 remémorations,
-Les métaphores de Thây qui parlent de l’impermanence, du non soi et de la non naissance et de la non mort :
La vie est précieuse et éphémère, vivons chaque instant intensément dans la lumière et l’amour comme si nous devions mourir demain. Rendons grâce chaque matin d’être encore en vie, et soir avant de nous endormir, mettons tout en ordre en nous avec une intention d’amour, de compassion et de réconciliation vis-à-vis de nous-mêmes et des autres.
La Paix
La vision profonde nous ouvre à notre vraie nature de non soi. Elle nous permet de voir le chemin qui mène à la cessation de la souffrance. Elle nous permet de nous voir tel que nous sommes , de reconnaitre et d’accepter nos fragilités, d’en prendre soin, et ainsi de développer la bienveillance et la compassion et de faire ainsi la paix en nous-mêmes.
Dans la vision de l’inter-être nous savons que nous ne sommes pas séparés ; notre paix et notre compassion vont se diffuser et se répandre dans tous les êtres et dans tout l’univers.
« Paix en soi paix dans le monde ! »
Ayons des pensées et des paroles positives –bienveillantes et aimantes- vis-à-vis de nos proches, mais aussi pour ceux qui ne sont pas de notre avis ou nous font souffrir. (voir le 4ème Entrainement à la pleine conscience).
Inversement toutes pensées de colère ou de haine pour les autres, non seulement ne vont pas les faire changer, mais au contraire leur faire du mal et en retour nous faire aussi du mal. La rancœur ou la haine que je cultive ferme mon cœur à l’amour, même pour ceux que je prétends aimer.
Amour
Je sais que je suis aimé et amour, et que le but ultime de la méditation c’est de l’éprouver.
« Quand tu te sens vide d’amour et que tu crois que la source d’amour est tarie en toi, alors offre-en à ceux que tu croises sur ton chemin, à défaut d’amour, offre de la bienveillance et tu verras que ce don va ré-amorcer la pompe et refaire jaillir la source d’amour dans ton cœur. Alors le désir de donner et de partager va te pousser à partager encore plus. »
Nous serons des artisans de paix, des ambassadeurs de l’amour, des annonceurs de printemps.
La Joie et beauté:Cultivons en nous la joie et la beauté. Arrosons les chaque fois que nous le pouvons.
La liberté :
Plus nous serons restreints dans nos libertés extérieures, plus il nous faudra pratiquer pour développer notre liberté intérieure. Mandela témoignait qu’il ne s’est jamais senti aussi libre que lorsqu’il était en prison ; il a accepté sa situation et en a tiré le meilleur parti.
Protégeons nous !
C’est vraiment nécessaire dans cette période de tempête
Relisons l’enseignement sur les 4 efforts justes et sur les 4 sortes de nourriture :
–Lorsque le graines négatives sont actives en nous : peur, colère, avidité, jalousie, tristesse…prenons-en soin, transformons-les comme nous l’avons vu plus haut. Puis arrosons les graines positives opposées : solidité, paix, confiance, joie…générosité.
–Lorsque les graines négatives ne sont pas présentes en nous, évitons de les arroser et de les nourrir. Soyons des gardiens vigilants des portes de nos sens. Par exemple évitons tout ce qui peut nourrir en ce moment la colère, la peur, la confusion que ce soit à travers les médias, les conversations ou même nos pensées.
–Lorsque les graines positives sont présentes en nous, grâce à pleine conscience, gardons-les vivantes le plus longtemps possible.
–Lorsque les graines positives ne sont pas présentes en nous, apprenons à les générer en arrosant ce qui peut nourrir en nous la beauté, la joie la compassion, la solidité…
On peux aussi lire avec bénéfice
-L’enseignement sur les 6 Paramitas
-Sur les 4 illimités : bonté aimante – Compassion- Joie- équanimité.
-Les 3 sceaux du Dharma
-Les 3 portes de la libération
Cultiver la douceur
Dans cette période difficile qui s’annonce il serait beau de développer en nous la douceur Finissons l’année et commençons la nouvelle dans la tendresse et la douceur vis-à-vis de nous-mêmes et de nos proches.
Vive la vie !
Pour conclure
Il me semble que le temps s’accélère et nous presse pour sortir de nos peurs et de nos hésitations. C’est comme si la vie nous demandait d’aller rapidement à l’essentiel : Témoigner de la force du Dharma et de la non-peur, et offrir aux autres notre joie et notre amour et des raisons d’espérer.
Ouvrons nos cœurs à la compassion pour tous ceux qui ont peur et qui souffrent mais aussi pour ceux qui font souffrir à travers le monde.
Soyons des vivants !
Soyons des Bodhisattvas, des artisans de paix !,
Des ambassadeurs d’amour et de joie,
Des puits de lumière rayonnant, là où il y a ténèbres.
Chimiste, puis Educateur, retraité depuis presque 20 ans, Marc est passionné de poésie et sculpteur amateur. En 1967, il a découvert le chemin spirituel et la méditation avec Swami Chidananda, un maitre du Védanta, et pratiqué avec lui quelques années, puis a reçu les enseignements de Jacques Castermane au centre Dürkheim , et plus tard ceux de Arnaud Desjardins. En 1996 il a eu le bonheur de rencontrer Thich Nhat Hanh. Cette rencontre a bouleversé sa vie et lui a fait dire : « J’ai enfin trouvé ma vraie famille !» , ce qui est toujours le cas jusqu’à ce jour. La même année après avoir reçu les 5 Entrainements à la pleine conscience, Marc a participé au démarrage de la sangha Lyonnaise qui
allait devenir Chemin d’Eveil. Marc anime depuis quinze ans des retraites de Pleine conscience et de réconciliation. Il a écrit plusieurs livres dont : Du mal au bien, de la souffrance au bonheur, ce qui réunit christianisme et bouddhisme, et l’importance de lancer des passerelles entre ces deux traditions ; Va au cœur de toi, recueil de textes et poèmes.
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