Témoignage / Retraite au “Pied de la montagne”

Du 16 au 23 mars 2021, les résident.e.s laïc.que.s des trois hameaux ont organisé leur propre retraite alors que la communauté monastique avait sa retraite à elle au Hameau du Haut. Et cette année, c’est le monastère intimiste de Son Ha qui leur a ouvert grands les bras.

27 « long termes » vivant auprès de la communauté monastique du Village des Pruniers racontent une semaine de pratique inoubliable.

Auteur : Lily, résidente « long terme » au Hameau du Bas.

Les résidents laïques s’arrêtent au bord d’un étang pendant leur marche méditative.

Cette année, en raison du confinement, la retraite annuelle organisée par les « long termes »Le monastère du Village des Pruniers en France est le lieu de résidence de membres monastiques ordonnés bouddhistes vivant dans des hameaux séparés. Il est possible en tant que pratiquants laïcs de vivre et pratiquer la pleine conscience au monastère, sur une période plus ou moins longue. Pour en savoir plus : cliquez ici.vivant au Village des Pruniers, ne devait pas avoir lieu. Mais comme les miracles sont courants ici, les pratiquants laïcs ont finalement reçu le feu vert des monastiques. Et quelle joie ! 

Organiser par eux-mêmes une retraite, permet à la Sangha des « long termes », de vivre et pratiquer ensemble, pendant une semaine entière.

Comment organiser une retraite ? Mode d’emploi !

Prenez 6 volontaires aguerris et énergiques, faites une première réunion, une deuxième et puis une troisième (avec quelques biscuits et du thé ça fonctionne encore mieux !) et mélangez ! Et voilà ! Vous obtenez votre retraite toute belle et plutôt bien organisée ! 

En clair : les équipes de rotation (savoir qui cuisine, invite les cloches d’activité, fait la vaisselle, range après manger…). Il fallait aussi décider de l’organisation des facilitations. Un processus qui a été simplifié :

« J’ai trouvé plus simple que des volontaires s’inscrivent eux-même sur un tableau. On avait distribué un document pour savoir qui voulait faire quoi mais on ne pouvait pas satisfaire tout le monde. Alors cette technique a très bien marché ! »
Scott, membre de l’équipe d’organisation.

L’équipe d’organisation de la retraite. De gauche à droite : Ayla, Sullivan, Scott, Lily et Mark.

Voilà une journée type :

  • 6h : Cours de yoga 
  • 6h45 : Méditation assise
  • 7h30 : Petit-déjeuner
  • 9h : Atelier (ou Enseignement du Dharma)
  • 11h30 : Marche méditative
  • 12h30 : Déjeuner
  • 14h : Relaxation totale
  • 15h : Atelier
  • 17h : Exercices physiques
  • 18h : Dîner
  • 19h30 : Méditation assise

Des ateliers variés

Mais alors que faire pendant toute une semaine ? Les pratiquants étant très talentueux, chaque jours des ateliers plus intéressants les uns que les autres étaient proposés. « Communication Non-violente » (CNV) Pour en avoir plus, voir ici : https://cnvfrance.fr, « Méditation marchée à l’aveugle » , « Focusing » Le « Focusing » est un processus psychothérapeutiques développés par Ann Weiser Cornell et Barbara McGavin, découvert et développé par Eugene Gendlin à la fin des années1960., « Questions & Réponsesest une pratique du Village des Pruniers. Un pratiquant pose une question venant du cœur, à un enseignant du Dharma monastique ou laïc. La réponse inter- est avec la question et sera une manifestation directe basée sur l’expérience de l’enseignant.« , chorale, « 5 rythmes »Une forme de méditation en mouvement composée de 5 rythmes définis, créée par Gabrielle Roth., « le Monde naturel » et un partage sur notre vie en tant que résidents laïcs au Village.

Pour Daila, habitante depuis 6 mois au hameau du bas, l’idée des ateliers était lumineuse. En particulier le “Question & Réponse”. 

« J’ai adoré chaque idée d’ateliers. J’aurais adoré assister à tous. Je me souviens des questions-réponses d’Em & Tyna. Je les ai écoutés parler ouvertement, de manière vulnérable et en toute sécurité, les écouter était un vrai plaisir. »
Daila.

En effet, Kristyna et Emeron, tous deux transgenres, avaient accepté de répondre aux questions de leurs amis dans le Dharma. Comme par exemple  : “Quels ont été les défis que vous avez dû relever après votre transition?”, “Comment avez-vous réalisé que vous aspiriez à être d’un autre genre?”, “ Quelles sont les différences homme et femme en terme d’expression, du regard des autres, selon votre expérience  ?”. Des partages riches qui ont permis à leurs amis de mieux les comprendre.

D’autres ateliers comme les “5 rythmes” ou “le monde naturel” ont eu beaucoup de succès  :

« L’éventail des ateliers était incroyable, surtout la danse : pour moi, ce n’est pas quelque chose que nous faisons habituellement (…). Danser m’a beaucoup aidé à être moi-même, sans alcool, sans drogue. C’est assez puissant, ancrant et guérissant pour la confiance en soi. »
raconte Mike, fermier à la Happy Farm du Hameau du Haut.

« Il y avait certains ateliers que j’ai beaucoup apprécié comme les « 5 rythmes » et la « Pleine Conscience dans le monde naturel », parce que c’était si calme, rien à faire juste être dans la nature, rien à faire juste être avec le groupe et le feu de camp tous assis en silence. »
Ajoute Andréa elle aussi bénévole à la Happy Farm du Hameau du bas.

L’atelier « Pleine Conscience dans le monde naturel » consistait à s’immerger dans la nature et ses éléments. Et à Son Ha, il faut dire qu’il y a beaucoup à contempler. Départ de la Happy Farm où on enlève les chaussures. Puis arrêt sur le ponton du lac, avec une assise méditative et le chant du vent dans les arbres et une lecture extraite du livre “Love letter to mother EarthLa traduction française du livre “Love Letter to The Earth” (Trad. : Lettre d’amour à la Terre) paraîtra aux éditions Robert Laffont le 1er juillet 2021, sous le titre « Nous sommes la Terre« . Ce livre plein d’espoir nous donne un chemin à suivre et nous montre que le changement n’est possible que si l’on reconnaît que les gens et la planète ne sont qu’une seule et même chose.pour ensuite aller dans la forêt, avec un peu de pluie et contempler les arbres, la terre et finir autour du feu en silence en échangeant sur notre expérience.

Mike facilitait cet atelier très connecté à la nature. Une véritable «Porte d’accès» au Dharma selon lui :

« Je pense qu’il y a des milliers de « portes du Dharma ». Pour moi, le « Monde naturel » est la plus accessible. C’est déjà en moi dans mon éducation. Je peux juste voir la réalité de l’inter- être au travers de la nature. Il y a tellement de choses que j’aime au Village des Pruniers, mais pour moi, tout comme la marche que nous avons faite aujourd’hui,  être dans la nature est une pratique incroyable que Thich Nhat Hanh a rendue abordable. Et ainsi, nous faire sortir de la salle de méditation ! »

Une façon pour lui d’allier pratique spirituelle et d’éveiller les conscience envers la planète :

« Je pense que j’ai eu la chance de travailler en plein air la plupart de ma vie. J’ai été en contact avec la faune, les plantes et les arbres et avec la volonté profonde des gens à contribuer à l’auto-guérison dans un monde où les humains ont fait beaucoup de dégâts, à la planète entière. Je suis donc assez inspiré pour aider les pratiquants à se connecter avec elle. »
Mike.

Son Ha : le lieu de tous les miracles

Cette année, et pour la première fois, la Sangha monastique avait accepté de laisser le monastère de Son Ha aux longs termes. Un lieu propice à la contemplation et à la connexion avec la Terre mère avec son lac, entouré de forêt, de fleurs… 

Peinture réalisée par Lily, représentant une carte du Hameau du Haut (Upper Hamlet) et de Son Ha.

Les pratiquantes des trois hameaux ont séjourné au “Lac de l’ouest” (« West Lake House »), dans la maison proche de la « Happy Farm ». Une expérience unique et intéressante comme le raconte Daila :

« La maison du Lac de l’ouest était très agréable. Et puis surtout, faire cette promenade matinale pour accéder à Son Ha… Bon, j’étais parfois en retard et je devais quand même courir pour commencer l’assise à l’heure! 
De par la structure du lieu on se sentait comme dans un nid : pas de vision directe de la route, environnement très riche avec la forêt, le lac, le paysage très sauvage, un sentiment de paix et un environnement chaleureux et confortable. Lorsque vous en sortez, vous vous sentez comme un oiseau qui s’envole du nid. Il y a le ciel bleu aussi, toujours présent, donnant une sensation d’ouverture, (…).
 »
Daila.

Le lieu, lui aussi, participait donc à la richesse de la pratique. Et comme tout ce qui inter-est : marche méditative journalière autour du lac, méditation sur le deck, deux amis prenant un thé dans la forêt, le « footing » pieds nus autour du lac, les conversations dans la salle à manger :

« Ce qui est remarquable dans mon expérience à Son Ha, c’est aussi la salle à manger ! C’est très décontracté, on peut s’y détendre. La façon dont elle est agencée, il n’est pas possible de ne pas se rencontrer ! »
ajoute Daila.

Pour Mike, c’est le Hall de méditation qui l’a marqué. Un lieu avec une énergie très ancrée et ancienne aux allures de chapelle. Un lieu propice pour approfondir sa pratique.

« La petite salle de méditation de Son Ha est très belle. J’aime aussi ses jardins et la cuisine qui est plus petite et nous laisse un sentiment d’intimité et d’esprit de communauté. »
Mike.

« Je trouve le hall de méditation intime, rassurant, sécurisant, avec une ambiance sereine et soutenante avec de la pierre, des matériaux naturels qui aident spirituellement. Presque tout le monde se joignait aux assises et j’ai senti que l’énergie était plus concentrée. »
confie Bénédicte, résidente au Hameau du Bas.

Tombée de la nuit sur le Lac de Son Ha

Etre ensemble :

Mais très vite nos amis se sont approprié l’espace. Il a suffit de seulement une ou deux journées pour se sentir en famille. Des anniversaires, des jeux, et surtout pratiquer ensemble.

L’intérêt de cette retraite était aussi d’organiser, de pratiquer et de faciliter. Des équipes de rotation aux chants des assises méditatives, des responsabilités habituellement prises en charge par les membres de la communauté monastique. Pour certains c’était donc la première fois, comme pour Andréa qui inaugurait sa première retraite laïque : 

« (…) Je me souviens de ces moments où nous facilitions les chants du matin et du soir. On sentait que c’était la première fois pour quelqu’un par exemple. Ou alors on se disait  : Waouh  ! Quelle belle voix! Ou quelqu’un guidant merveilleusement une marche méditative. »
Andréa.

Les équipes de rotations avaient été constituées en amont. Dans chaque hameau, un ou deux laïcs travaillent avec plusieurs membres monastiques qui sont les principaux guides du service à fournir. Les retraitants avaient cette fois quartier libre et collaboraient pour la première fois ensemble. Du côté des cuisines, les plats prenaient d’ailleurs des allures de prouesses culinaires pour le plus grand délice d’Andréa et de Mike :

« Tous les jours, l’équipe de cuisine essayait quelque chose d’un peu plus extraordinaire, d’encore plus impressionnant. C’était incroyable d’être témoin de l’engagement des équipes. »
Andréa.

« Ce que j’ai aimé, c’est de cuisiner tous ensemble! C’est plus que beau pour les pratiquants de faire cette offrande à la communauté laïque. »
Mike.

Pour clôturer la retraite, la famille des « long termes » s’est retrouvée autour d’un feu de camp très convivial pour chanter, évoquer les bons moments et tout simplement être là, ensemble sous les étoiles du cosmos, si vibrantes et présentes.

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Thich Nhat Hanh January 15, 2020

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