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Interview , La vie monastique / En route vers l’autre rive

Nous avons interviewé les moines et moniales du Village des Pruniers qui ont reçu la Pleine Ordination de Bhikshu/Bhikshuni lors de la cérémonie de transmission le mois dernier (octobre 2021).

Cérémonie d’ouverture des grandes ordinations « Go to the Other Shore » (Atteindre l’autre rive).

Les 2 et 3 octobre derniers, nous avons vécu une très puissante “cérémonie de transmission des Grands Préceptes”, intitulée “Go To The Other Shore(Atteindre l’autre rive) au cours de laquelle plus de 120 monastiques ont reçu leur ‘Pleine Ordination’. Ces cérémonies n’ont lieu qu’une fois tous les deux ans et permettent aux moines et moniales novices de recevoir la ‘Pratimoksha’ révisée (Pleine Ordination), devenant ainsi respectivement Bhikshus et Bhikshunis.

Pour la toute première fois, la cérémonie de transmission des Grands Préceptes s’est déroulée simultanément, en ligne, au sein de six monastères du Village des Pruniers répartis sur trois continents (États-Unis, Europe et Asie). La transmission principale a été diffusée en direct depuis le Monastère de Deer Park, en Californie du Sud, où des vénérables du Bouddhisme vietnamien de toute l’Amérique du Nord se sont rassemblés afin de transmettre les Préceptes. Chaque centre disposait des écrans et sonorisation nécessaires pour recevoir la transmission des Préceptes depuis Deer Park. L’énergie collective était aussi largement amplifiée par la présence soutenante d’aînés au sein de chaque Monastère du Village des Pruniers.

Après la Cérémonie, nous avons passé du temps dans la cabane de Thây, au Hameau du Haut, à partager le thé et à écouter ce que les moines et moniales avaient ressenti :

Pouvez-vous nous partager un moment qui a été particulièrement important pour vous durant la cérémonie ?

Soeur Trang Mai Phuong: Je me suis préparée deux semaines à l’avance, et je pense que j’étais assez paisible et calme pendant la cérémonie. J’ai invité ma famille et mes ancêtres, tant spirituels que génétiques, à marcher avec moi. Je savais que j’allais pleurer pendant la cérémonie et j’avais même préparé des mouchoirs en papier dans ma poche. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai pleuré plusieurs fois au cours de la cérémonie. Lorsque les vénérables et les frères et sœurs ont commencé à chanter et à nous rappeler comment nos parents nous avaient élevés, j’ai été très émue et je n’ai pas pu retenir mes larmes. De même, penser à Thây a été un moment qui m’a vraiment profondément touchée. J’ai pensé à mes parents, à de nombreuses vies passées, à cette vie-ci et à Thây. Pas seulement Thây, notre maître actuel, mais aux nombreuses générations d’enseignants. J’ai eu l’impression que ce n’était pas la première fois que je recevais la Pleine Ordination ; je sentais que je revenais à la maison. 

Frère Troi Duc Pho

Frère Troi Duc Pho: J’essayais de me concentrer et j’étais pleinement déterminé à maintenir la pleine conscience tout au long de la cérémonie. De nombreux frères et sœurs m’ont dit que nous devions être très calmes et concentrés pendant la cérémonie. Je me suis peut-être mis la pression parce que j’avais peur de rater quelque chose. Je me suis dit que cette chance ne se représenterait jamais dans ma vie et que je voulais y être pleinement. C’était vraiment merveilleux, mais j’étais aussi un peu à l’intérieur de moi-même. Lorsqu’on nous a demandé de quitter la salle pendant la procédure de sanghakarman, j’ai réalisé que j’étais très concentré, mais que je ne m’étais pas encore totalement ouvert aux frères et sœurs présents dans la salle.Le Sanghakarman est une procédure formelle au cours de laquelle la Sangha prend des décisions fondées sur le consensus Ainsi, lorsque nous sommes entrés à nouveau dans la salle, j’ai eu le sentiment que tout était prêt, qu’ils avaient procédé au Sanghakarman pour nous ordonner et qu’ils nous acceptaient pleinement. Tout était prêt pour recevoir les préceptes, je me suis senti très touché ; j’ai ressenti beaucoup d’amour. C’est lorsque j’ai reçu le premier précepte que ce sentiment en moi fut le plus fort, au moment de toucher la terre. C’est assez difficile à décrire. Je pouvais vraiment m’allonger sur le sol et m’ouvrir complètement pour recevoir le précepte ; ce moment marqua aussi le plus grand changement par rapport à ma vie d’avant. Ce fut donc très fort.

En quoi l’ordination en tant que bhikshu/ni a-t-elle été différente de l’ordination en tant que moine/moniale novice ?

Soeur Trang Tinh Mac: Je voulais devenir nonne en Indonésie. Mais en fait, il n’y a pas beaucoup de bhikshunis là-bas, c’est pourquoi j’ai dû trouver une autre communauté. La première fois que je suis venue au Village des Pruniers, j’ai senti que j’étais véritablement arrivée. Je me suis vraiment sentie chez moi. Dans d’autres traditions, vous faites des études bouddhistes et devez passer de nombreux diplômes pour devenir bhikshuni. Mais au Village des Pruniers, il s’agit plutôt d’appliquer la pratique dans la vie quotidienne.

Je me suis vraiment préparée pour la Grande Ordination. J’étais tout à fait au clair avec moi-même et avec mes aspirations. Je me suis sentie très blessée lorsque je n’ai pas été acceptée pour recevoir la Pleine Ordination la première fois (2 ans plus tôt), car ce n’était pas la première fois de ma vie que je me sentais rejetée. Je me suis donc demandé si je voulais vraiment rester ou non. ‘Si tu restes, reste simplement, ne pense pas au fait d’être rejetée ou non. Et si tout le monde te rejettais, pourrais-tu t’accepter ?’ La réponse était “oui”. J’avais encore de l’espoir pour moi. Mes parents m’ont vraiment soutenue. Mes parents sont déjà très heureux par le simple fait que je sois moniale. Ils m’ont dit : “Tant que tu es nonne, que nous savons que tu es en sécurité et que tu ne fais pas d’histoires dehors, nous sommes heureux”. Pour eux, tant que je suis heureuse, ils sont heureux pour moi.

Sr Trang Tinh Mac (à droite) a reçu les grands préceptes en même temps que sa sœur de sang Sr Trang Giac Minh (à gauche). Une occasion très spéciale !

Soeur Trang Giac An: (Avec la Pleine Ordination), nous avons beaucoup de nouveaux Préceptes. Mais je n’étais pas vraiment sûre de la façon dont cela allait changer ma vie quotidienne. Je sais que du point de vue de mes parents, ils sont heureux pour moi que je sois moniale. C’est une étape importante dans la vie monastique. Pour moi, devenir bhikshuni m’a permis de voir clairement que je voulais rester sur la voie monastique. J’ai senti que c’était le bon moment pour le faire. L’accent est mis sur la réception du ‘corps des Préceptes’, et je me suis rendu compte que je n’avais aucune idée de ce que cela signifiait ; je suis toujours en train d’explorer cela. Lors de la classe préparatoire, Sœur Chan Duc nous a expliqué que nous devions nous vider de toutes nos idées pour recevoir correctement le corps des Préceptes. C’est ce que j’ai vraiment essayé de faire pendant la cérémonie. C’est comme recevoir quelque chose que je dois apprendre à connaître. 

Soeur Trang Giac an

Je ne suis pas sûre de ce dont il s’agit. Mais j’avais l’idée qu’en devenant bhikshuni, je serais en quelque sorte plus adulte ; que je ne serais plus une “bébé moniale”, que je serais en quelque sorte une adulte. Et hier, un incident s’est produit, et j’ai eu l’impression d’être à nouveau une petite enfant. Puis j’ai réalisé que ce n’était peut-être pas tout à fait le cas. J’étais donc dans une sorte de peau qui n’était pas confortable, avec cette idée que je pourrais être plus mature. Puis, hier, nous avons pratiqué le toucher de la terre. J’ai aussi des racines catholiques et, soudain, cette pensée m’a traversée : dorénavant tu n’es pas plus indépendante, tu es davantage servante de Dieu. J’aime cette idée. Vous gagnez en maturité en faisant la volonté de Dieu plutôt qu’en ayant votre volonté et votre esprit indépendants. Et cela a vraiment résonné en moi, j’ai senti que c’était quelque chose que je pouvais comprendre.

Lorsque nous devenons bhikshu/ni, nous prenons part aux réunions et aux décisions de la communauté. Avez-vous des souhaits profonds pour la communauté du Village des Pruniers ou bien y a-t-il une direction que vous aimeriez voir prendre par la Sangha ?

Frère Troi Thien Duc: Au cours de l’année dernière, j’ai senti que, alors qu’auparavant j’étais peut-être en dehors de la communauté, attendant quelque chose de la communauté, je pouvais désormais me sentir davantage comme une branche d’un arbre. Je pouvais peut-être contribuer un peu à la santé de l’arbre et si l’arbre avait une souffrance ailleurs, alors je pouvais d’une certaine façon aussi en ressentir la douleur. Mon parcours consiste à rendre les choses vraiment concrètes pour moi. C’est la vision que j’ai parce que je vois le besoin de nombreuses personnes en Occident de recevoir des instructions concrètes, surtout en Allemagne, mon pays d’origine. Je souhaite donc comprendre profondément l’essence des enseignements de Thây et l’associer à ce besoin de rendre les choses aussi concrètes que possible. Mon sentiment me dit que cela aidera davantage de personnes à s’engager dans la pratique et dans l’exploration de leur propre esprit.

À l’âge de 16 ans, on m’a diagnostiqué un TDAH (trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) et mon parcours fut assez particulier. J’ai dû adapter la pratique à mes besoins et à mon esprit, car c’est une maladie que les gens ne voient pas forcément. S’il vous manque un bras, personne ne vous demande de soulever une boîte. Mais quand il s’agit de l’esprit, les gens ont des attentes vis-à-vis de vous auxquelles vous n’êtes pas nécessairement en mesure de répondre. Il serait donc bien, à l’avenir, de voir comment adapter la pratique et aider les personnes atteintes de TDAH. Il y a souvent beaucoup de souffrance et d’incompréhension autour du TDAH. Enfant, je me suis souvent senti incompris, et mes parents ne savaient pas comment s’y prendre avec moi. Il y a tellement de souffrance que nous pouvons soulager si nous avons une voie constructive à suivre. Mon rêve est donc d’organiser une retraite pour les personnes souffrant de TDAH, en particulier les enfants. Pour y parvenir, je sais que je dois vraiment pratiquer pour bien comprendre la voie de Thây.

Frère Troi Thien Duc avec ses parents, après la cérémonie 

Soeur Trang Tinh Mac: D’après mon expérience, il est difficile d’être ordonné en Indonésie. Mais en fait, beaucoup d’Indonésiens veulent être ordonnés monastiques. Après avoir reçu les préceptes de bhiksuni, j’ai compris qu’il n’était pas facile de réaliser cette grande cérémonie car il faut beaucoup de bhiksunis [aînées] pour que la cérémonie soit possible. C’est pourquoi j’aspire à ce qu’un jour, nous ayons un centre en Indonésie et que nous ayons des monastiques du Village des Pruniers. Dans nos centres, nous avons beaucoup de moines et moniales aînés qui pourront transmettre les préceptes à de nombreuses personnes et les aider. 

J’aspire à rester longtemps sur la voie monastique afin de pouvoir également contribuer à la transmission des Préceptes. Mon aspiration profonde est de toujours rester sur cette voie. Je vois vraiment que les enseignements du Bouddha ont perduré jusqu’à aujourd’hui grâce aux Préceptes et parce que nous avons toujours la Sangha monastique qui apprend et pratique ces Préceptes. Je sais que j’ai de nombreuses faiblesses, mais je me dis simplement : “OK, tu peux le faire tant que tu te protèges grâce aux Préceptes”.

Personnes interrogées (de gauche à droite) Sœurs Trang Mai Phuong, Trang Tinh Mac, Trang Giac An et Frères Troi Thien Duc et Troi Duc Pho

Nous passons de 10 préceptes novices à 250/348 préceptes (bikshus/bikshunis). Quelle est votre relation avec les préceptes ? Pensez-vous que les préceptes vous aident à pratiquer plus assidûment ?

Frère Troi Duc Pho: La première fois que j’ai rencontré les préceptes traditionnels, je les ai trouvés assez intimidants. Quand je suis venu au Village des Pruniers et que j’ai vu les préceptes révisés pour la première fois, j’ai été très heureux de l’esprit de la révision ; je me suis également senti très inspiré parce qu’ils abordent la pratique de la pleine conscience dans de nombreuses situations différentes de nos vies. Mais cela me semblait encore énorme et plutôt intimidant. Je vois que je réagis différemment aujourd’hui, car un grand nombre des manières raffinées et préceptes de la pleine conscience sont déjà présents dans notre vie de novice. J’ai également plus d’expérience en pratiquant de cette manière et je comprends mieux pourquoi il en est ainsi. Je suis soulagé de reconnaître que, lorsque je lis les préceptes, j’ai l’impression que c’est quelque chose que je peux faire.

Je ne me suis pas mis la pression pour les connaître et les comprendre parfaitement avant la cérémonie de transmission, car je sais que je vais continuer à les étudier toute ma vie. C’est vraiment un bon moment pour faire le point sur moi-même. Que gagnerait réellement ma pratique si je l’appliquais davantage pour moi-même ? Il y a des choses qui sont une habitude personnelle, mais d’autres qui sont des habitudes collectives au sein de la Sangha. Parfois, on a l’impression que ce n’est pas si important, mais il faut vraiment se demander en quoi notre vie changerait si on commençait à essayer de l’appliquer maintenant. Ma relation principale avec les préceptes est qu’ils m’aident à former mon esprit et me rappellent l’importance de reconnaître mes habitudes, d’informer ma pratique et de développer la compassion.

Soeur Trang Mai Phuong

Soeur Trang Mai Phuong: Je ne pense pas qu’il y ait trop de préceptes. Au début, j’ai ressenti un peu de discrimination entre les frères et les sœurs, mais mon enseignante des préceptes nous a aidées à voir qu’il ne s’agit pas de discrimination : elle nous a aussi expliqué pourquoi les moniales ont reçu beaucoup plus de préceptes que les frères. Je lui suis reconnaissante pour les explications qu’elle m’a données et qui m’ont aidée à surmonter mon sentiment de discrimination. Quand j’ai touché la Terre, j’ai compris pourquoi j’avais ce sentiment. Dans ma famille, il y avait de la discrimination entre les hommes et les femmes. J’ai grandi avec cela, et j’ai beaucoup souffert. Avant de recevoir les préceptes, j’ai pu rentrer en contact avec une partie de cette souffrance et voir que le fait de pratiquer comme bhiksuni allait me permettre de me libérer. Je n’ai pas besoin de me vivre en tant qu’homme ou femme. Si je peux être libre, je peux perpétuer mes parents et mes ancêtres de la plus belle manière qui soit. Je n’ai pas besoin d’être un fils, d’avoir un autel, d’offrir de l’encens et de faire différentes choses pour me souvenir de mes ancêtres. En tant que bhiksuni, je peux le faire chaque jour à travers ma respiration et à chaque instant où je me souviens de revenir à moi. C’est une véritable guérison pour moi. 

En touchant la Terre, je me suis également rappelée que Thây n’est pas là et qu’il ne peut pas m’enseigner et m’adresser des rappels de façon directe ; alors j’ai reçu les préceptes comme un enseignant. Ils peuvent vraiment me rappeler comment pratiquer chaque jour.

Que pense votre famille de sang de votre pleine ordination ?

Frère Troi Thien Duc: J’ai la chance que mes parents me soutiennent, et je me sens particulièrement enthousiaste en ressentant leur grande qualité d’ouverture d’esprit ; ce n’était pas le cas au début. Ma mère avait vraiment peur : elle ne savait pas ce que je faisais et je ne proviens pas d’un milieu bouddhiste. Mais grâce à leur ouverture d’esprit, ils m’ont dit : “OK, nous allons venir voir. Nous viendrons te rendre visite”.

Je n’ai pas eu besoin de leur dire grand-chose, car ils sont ici et ils peuvent sentir ce qui se passe. Ils sont avec les frères et sœurs, et ils viennent aux activités pour voir ce que nous faisons. Ils voient que c’est une belle chose qui fait bouger quelque chose en moi. Ils se rendent compte, “Ah c’est pour ça”. Maintenant, ils me soutiennent beaucoup. Lorsqu’on leur a demandé, après l’ordination, “Comment vous sentez-vous ?” Ma mère a répondu : “Je me sens très bien.” Je ne devrais jamais considérer le soutien que me donnent mes parents comme quelque chose qui va de soi. Cela me donne vraiment beaucoup de force. Ils aiment être ici et la communauté prend soin d’eux. Si je sais qu’ils ont un lien avec la communauté, alors je sens une grande légèreté en moi, ce n’est pas une grosse responsabilité pour moi.

Soeur Trang Giac An:  Grâce à Zoom, mes deux parents ont suivi la cérémonie depuis Singapour, mon frère depuis le Japon, et quelques-uns de mes cousins ainsi que ma Sangha de Honolulu se sont connectés depuis Hawaï. Je pense qu’ils ont pu ressentir la sincérité, la concentration et la discipline à travers l’écran. Même si c’était sur Zoom, c’était très puissant pour eux. Ma mère est catholique, mais elle a bien perçu l’esprit de toute la cérémonie. Mon père est très sceptique, mais il a également été très impressionné par la discipline et la concentration. Ils ont été très émus de voir que ce genre d’engagement était pris dans une Sangha aussi importante et que tant de personnes prenaient le même engagement.

C’était très surprenant car j’ai aussi des amis qui ne sont pas du tout spirituels et ils ont tous été profondément touchés par la cérémonie. A bien des égards, cette cérémonie semble les avoir rapprochés de moi. Ils comprennent mieux maintenant pourquoi j’ai choisi de vivre de cette façon et je sens aussi leur soutien. Ce n’est pas vraiment moi en tant qu’individu qui reçoit l’ordination. C’est grâce au soutien de chacun que je peux être ici. J’ai toute ma tribu derrière moi qui me permet de le faire. J’ai donc été très reconnaissante de pouvoir le faire en ligne et cela a touché beaucoup de personnes qui ont vraiment compté dans ma vie.

Les quatorze nouveaux bhikshus et treize bhikshunis ayant reçu la Pleine Ordination au cours de la Cérémonie “Go to the Other Shore – (Atteindre l’autre rive)”, ici photographiés avec les aîné(e)s du Village des Pruniers.

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Thich Nhat Hanh January 15, 2020

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