Après un mois de voyage aux quatre coins de la France et en Belgique pour rencontrer les sanghas locales et partager le Dharma, les frères et soeurs francophones du Village des Pruniers sont revenus le coeur rempli de joie et de souvenirs. Frère Bienveillance revient sur la tournée francophone et nous partage son expérience.
Honorer notre famille spirituelle
Bien installé à flanc de montagne dans une petite hutte en bois surplombant la vallée, je goûte au silence et me laisse bercer par le chant du ruisseau et le bruissement des feuilles au vent.
Après un mois de tournée francophone, nous avons quelques jours de repos avant le retour au Village des Pruniers.
Ici tout est harmonie et mère nature dans l’émergence du printemps nous fleurit le cœur de milles pétales de tendresse.
L’essentiel est à portée de main et l’évidence d’une contemplation émerveillée s’impose.
Je ressens pleinement le privilège d’avoir le temps de vivre sans préoccupation ni nécessité particulière, « ici et maintenant » dans cet interstice entre deux mouvements.
L’infini est palpable et me fait miroiter le chant de tous les possibles, sans même une intention identifiée.
Alors je me laisse écrire le récit vivant de cette tournée des « Troubadours du Dharma ».
La première chose qui surgit à mon esprit, c’est la conscience vibrante d’être une cellule heureuse et réconfortée d’avoir une famille spirituelle, un corps de sangha.
Cette sensation de sécurité, de réassurance qui se manifeste en présence de mes frères et sœurs monastiques. Ce quelque chose qui, un peu plus libéré de l’emprise de la forme, se ressemble et s’assemble. Comme ces bancs de poissons qui forment un nuage en mouvement permanent, sans jamais pouvoir identifier « qui est qui ».
Le collectif devient la référence et la force motrice qui enclenche l’action.
Ainsi je n’ai plus besoin d’exister « par moi-même » et la sensation d’effort disparaît.
Je peux contribuer joyeusement avec ce qui émerge spontanément de mon être sans me préoccuper d’un résultat individuel.
Sur le métier à tisser du vivre ensemble, chaque rayon de lumière éclaire la spécificité vibratoire de l’autre et fait jaillir un Arc en ciel toujours renouvelé. Alors chacun se sent plus beau, plus créatif, plus authentique, plus légitime et la peur du jugement ou de la défaillance se dissout.
Tout cela s’appuie très clairement sur le miracle de la pleine conscience !
Chacun, chacune est pleinement engagé à prendre soin de ce qui émerge à chaque instant, avec honnêteté et détermination. Reconnaissant ce qui a pu être touché intérieurement et prenant le temps de l’embrasser avec une infinie tendresse, nous développons chaque jour notre capacité à être un bon compagnon pour soi-même.
Parfois le besoin d’être écouté et soutenu se fait sentir, pour mieux accueillir ce qui « frappe à la porte », et reconnaître avec courage le mal être qui nous vrille le corps.
Et il y a toujours un frère ou une sœur pour offrir un refuge bienveillant, source d’une compassion qui soulage la peine et ré-enchante le cœur.
Bien sûr la tentation du repli sur soi guette au coin du sentier, mais les bénéfices de l’ouverture à cet espace de vulnérabilité, dans une relation d’intimité à l’autre, sont les fruits d’une expérience répétée, qui donnent le courage une fois encore, de partager.
Et puis il y a la générosité sans limite de la communauté laïque qui nous accueille sur le chemin. Les portes, les bras, les cœurs sont ouverts tout grands et le don de soi devient l’essentiel de ce qui nous anime. Avec la puissance de cet élan d’accueil inconditionnel ce qui pourrait sembler encore nous séparer, se dissolve. Apparaît alors la jouissance de l’unité, cette dimension de l’être ensemble qui fait corps bien au-delà des apparences.
Chacun ressent et alimente cette flamme intense de l’inter-être, de la reliance des cœurs et par sa présence consciente vient embraser un feu de joie qui réchauffe et apaise les peurs, les doutes, les désespoirs, les manques, les angoisses…
A cet instant tout est consumé, plus rien ne résiste à l’amour !
Les regards s’illuminent d’une tendresse originelle qui rassure même les parties de nous-même les plus meurtries par la vie. L’enfant intérieur se sent à nouveau au paradis de l’insouciance, de la légèreté et d’une complicité joueuse.
Les sourires fleurissent spontanément dans ce jardin d’humanité et l’air ambiant est imprégné pendant longtemps des rires qui émergent ça et là.
La guérison est profonde et une forme d’acceptation et de réconciliation avec la vie telle qu’elle se manifeste redevient possible. Plus rien n’est rejeté de l’expérience car tout apparaît bien plus grand que ce que l’esprit tente de saisir. Cette vastitude de l’ultime devient une évidence lorsqu’on se laisse fondre dans le chaudron aimant et bienveillant de la communauté de pratique. Cette alchimie se fait sentir physiquement et nos cellules se mettent à danser dans un tourbillon d’allégresse qui parfois donne le vertige.
Cette fois encore, les êtres sensibles que nous sommes peuvent s’exposer dans leur vulnérabilité et se laisser toucher par la grâce ! Cet espace où il n’y a rien à défendre car rien n’est jamais menacé. L’illusion d’un soi séparé se dissipe et le soleil de la plénitude réchauffe toutes les particules de matière. Le corps de cosmos devient une expérience palpable et nous libère de la nécessité d’exister en tant qu’entité séparée.
Lors de notre passage dans le Nord, nous avons partagé un temps de prières, méditations et chants dans une église pour générer la Paix en soi et dans le monde. Accompagnés de la chorale et de très nombreux paroissiens (200 personnes) nous avons célébré dans la plus grande simplicité, le bonheur d’être ensemble. Transcendant tout ce qui dans la forme semblait nous différencier, nous avons cultivé joyeusement notre capacité à nous rejoindre au cœur de l’essentiel. Nous étions nombreux à être profondément touchés par cette communion spirituelle. Cet émerveillement se multipliant à l’infini dans chacun des regards et des sourires.
La paix intérieure apparaît alors comme ayant toujours été là. Tel l’air que l’on respire elle nous constitue, que l’on en soit conscient ou pas. Elle est la trame sur laquelle toute vie se tisse. Tout ce qui semblait être conflits, oppositions, luttes et tensions apparaît maintenant comme des vagues à la surface de l’océan qui viennent se déposer sur la plage. Par contraste elles nous révèlent la beauté et l’intensité du mouvement de la vie qui foisonne et se déploie dans toutes les directions.
Avons-nous fait quelque chose de spécial durant cette tournée des Sanghas francophones ?
Oui bien-sûr, nous avons pris le temps de nous arrêter pour respirer, marcher, chanter, manger, partager, célébrer avec cette qualité d’être ensemble et de présence attentionnée à laquelle nous aspirons tous.
Que ce soit chez nos ami-es, dans un gîte, un camping, une pagode, un centre spirituel, au dessus des vestiaires d’un club de foot, un monastère, un château, ou en plein centre ville nous avons su dans la plus grande simplicité cultiver le sacré en nous et autour de nous.
Avec une infinie gratitude pour Thay, le Bouddha, Jésus, nos ancêtres spirituels et génétiques et la Terre mère de nous montrer le chemin de libération et de nous rassembler en tant que sœurs et frères, joyaux d’humanité.
Frère Bienveillance.
Pour revivre le tour francophone au travers de témoignages de nos frères et soeurs et en images, vous pouvez :
- consulter le blog dédié, en cliquant ici
- visionner le Diaporama de la tournée sur Youtube, en cliquant ici
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