Frère Chân Trời Thiện Chí nous raconte dans cet article l’histoire de la création d’un cadeau très spécial pour sa mère.
Peu après le début de la pandémie, ma mère m’a dit qu’elle se sentait seule. Je l’ai appelée toutes les semaines – voire deux fois par semaine – pendant cette période, mais ce n’était visiblement pas suffisant.
Comme je savais que ma mère adorait les miroirs, j’ai décidé de lui faire un cadeau : un miroir magique et miraculeux qui parlerait avec la voix de Thay pour la réconforter. Je voulais qu’il ait l’air créatif, ancien et un peu mystérieux, avec une forme ovale classique. En imaginant ce miroir, le sourire du Bouddha s’est manifesté dans mon cœur. J’ai alors eu cette idée : « Oui ! Le verre du miroir devrait s’échapper du cadre et révéler le Gatha « Se regarder dans le miroir« . Suite à cette inspiration soudaine, une immense détermination, une certaine puissance et un doux enthousiasme ont commencé à circuler dans mon corps. Il a été facile de trouver quelques matériaux recyclés et de commencer. Mais rapidement, les difficultés ont commencé à me rattraper.
Tout d’abord, la construction du cadre (en bois et en argile) s’est révélée plutôt difficile – cela m’a pris des mois. Je ne savais pas comment fixer l’argile sur le panneau arrière en bois, et la forme que j’avais imaginée était relativement compliquée, avec de nombreux petits détails et recourbée vers l’intérieur comme un arc. J’ai déployé de gros efforts, mais cela n’a pas bien fonctionné. Finalement, j’ai dû abandonner une première fois le projet. Le désespoir m’a alors envahi.
Après une interruption d’environ deux mois, je suis tombé par hasard sur un treillis métallique que je pouvais utiliser comme structure de base, comme ossature pour maintenir l’argile, en y associant de petites particules fixées par des clous. Mon optimisme est revenu, et une nouvelle source de créativité est apparue. Mon rythme était plus lent cette fois-ci, mais au fur et à mesure, la forme du miroir a commencé à se révéler. À mesure que je travaillais, je me suis rendu compte que je ne pouvais pas planifier le temps nécessaire à la réalisation du projet, ni son résultat. En réalité, j’ai commencé à me demander : est-ce moi qui crée le miroir ou est-ce le miroir qui m’utilise comme condition pour se manifester ?
Lorsque l’argile fut enfin sèche, le fait de pouvoir commencer la peinture m’a procuré une grande joie. Toutefois, les couleurs n’étaient pas tout à fait satisfaisantes. Un jour, un frère m’a dit en plaisantant et avec un grand sourire : « Tu sais, Frère Thien Chi, ce miroir ressemble un peu à quelque chose sorti d’un film d’horreur. » Heureusement, l’un de nos amis laïcs, qui est un restaurateur professionnel d’antiquités, m’a aidé à rendre le cadre du miroir plus authentique.
Quand ma mère a fini par ouvrir le gros paquet envoyé par la poste de France, elle a été extrêmement heureuse et enthousiaste. Je me suis dit : « Si seulement je pouvais voir son visage quand elle déballera le cadeau et découvrira le miroir. Son sourire vaut tous mes efforts.
Le miroir occupe maintenant un coin particulièrement ensoleillé dans la chambre de ma mère, diffusant les mots de Thây baignés de lumière dans toute la pièce : « La vraie beauté est un cœur qui aime et un esprit grand ouvert », peut-on lire en bulgare.
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