Un mois s’est écoulé depuis le début de notre retraite d’automne et les petits bois et forêts se préparent à abandonner leurs feuilles. Au cours des dernières semaines, certains arbres ont graduellement viré au jaune ou au rouge vif, tandis que d’autres gardent un peu plus de vert en attendant que le premier gel d’hiver dessèche leur feuillage. Dans moins de deux semaines, le 25 octobre, un nouveau groupe d’aspirants sera prêt à recevoir les dix préceptes des novices et à se réfugier dans la communauté monastique du Village des Pruniers. Pendant que la nature se prépare à son repos annuel, nos frères et sœurs se préparent à naître sur leur chemin spirituel. Ils sont dix, venus de nombreux pays différents: Amérique, Allemagne, Italie, Belgique, France, Bulgarie, Corée. Certains d’entre eux sont très jeunes, d’autres ont beaucoup plus d’expérience, mais ils partagent la même aspiration à se transformer et à être au service de tous les êtres et de notre chère Terre Mère.
Si nous devenons moine ou moniale, c’est parce que nous avons une très grande aspiration, un authentique désir de vie spirituelle. La voie monastique impose de ne pas fonder de famille et de ne pas avoir d’enfants à l’avenir . Certains peuvent penser que c’est un moyen de fuir le monde, mais, en vérité, nous ne pourrions pas trouver le courage de faire un si grand pas si nous ne répondions à un appel très profond en nous-même. Cette voix est si forte qu’à un moment donné, nous comprenons que si nous l’ignorons, nous ne pourrons pas être heureux.
Le nom choisi cette ordination c’est la famille des hêtres. Les hêtres se rencontrent partout en Europe, en Asie et en Amérique du Nord et peuvent vivrent des centaines d’années. On les trouvent souvent ensemble dans les bois ou la forêt, comme s’ils appréciaient la compagnie de bons amis. Ces dernières années, des scientifiques ont également découvert que leur communion était bien plus profonde que ce que nous pouvons observer à l’œil nu. Les forêts de hêtres sont reliées par un réseau de racines très complexe. Les arbres semblent pouvoir communiquer les uns avec les autres et également échanger des nutriments afin de soutenir les plus faibles. En tant que moine et moniale, nous nous engageons pareillement à nous réfugier dans une forêt de notre espèce. C’est parce que nous comprenons très clairement que la pratique de la méditation et de la transformation n’est pas une affaire individuelle. Nous avons besoin de frères et de sœurs pour nous soutenir et nous encourager, afin que la lumière de notre bodhicitta, notre esprit d’amour ne s’éteigne pas.
Voir de nouveaux frères et sœurs naître à la vie monastique permet à toute notre communauté de rafraîchir notre esprit de débutant. Certains d’entre nous vivent au Village des Pruniers depuis dix ou vingt ans et nous avons vu plusieurs générations de moines et de nonnes recevoir les dix préceptes de novice. Malgré cela, les aspirations fraîches et puissantes de nos jeunes frères et sœurs continuent d’être une source majeure de nourriture et d’inspiration pour notre propre chemin monastique. L’autre jour, les frères du Hameau du Haut se sont réunis pour accepter les aspirants masculins. À la fin de la réunion et après que tous aient été accepté par notre communauté, nous avons ressenti un grand sentiment de légèreté, d’harmonie et de joie.
Je crois que la même chose s’est produite dans les hameaux de nos soeurs. Ces nouveaux moines et moniales seront les nouvelles feuilles fraîches de l’arbre de notre Sangha, et en même temps, ils seront la continuation de Thay et du Bouddha. C’est un moment si riche! Passé, présent et futur se rencontrent dans la beauté paisible de notre retraite d’automne.
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