L'art zen de / Pratiquer le Noble Silence

Se réjouir de la pratique du Noble Silence
par Sr. Chân Diệu Nghiêm

Nous avons une période de silence sur notre horaire qui commence après la dernière activité du soir jusqu’après le petit déjeuner du lendemain et parfois nous aimons la prolonger un peu plus. J’ai gardé les horaires de nos retraites au fil des ans et c’est en 1993 que nous avons commencé à appeler la pratique du Silence « Noble Silence ».
Le Noble Silence ne signifie pas que nous ne sommes pas autorisés à parler. Cela signifie que nous n’avons pas besoin de parler, nous n’avons aucune obligation de parler pendant cette période du jour ou de la nuit.
Le Silence devient Noble quand il est un Silence Intérieur. L’esprit est calme et à l’aise. Chaque fois que j’entends le son d’une cloche, que ce soit la cloche à l’extérieur, le téléphone ou le carillon de l’horloge, je profite de cette occasion pour pratiquer le Noble Silence. Je retourne à ma respiration. Je sens l’air entrer et sortir de mon corps.

Je prends conscience de la température de l’air et de la substance de l’air qui entre et sort par mes narines. Avec la pratique de l’arrêt et de l’écoute du son de la cloche, je vais un peu dans la direction du Silence Intérieur.
J’ai remarqué que lorsque mon esprit est occupé, mon corps est aussi occupé et j’ai tendance à faire des choses bruyantes. J’aime considérer mon corps comme une porte vers le Silence Intérieur. C’est pourquoi je m’entraîne à être consciente des sons que je fais quand je bouge. Cela a un effet merveilleux : mes actions corporelles deviennent très calmes et mon esprit devient calme.

En pratiquant la méditation assise, je trouve la pratique de la conscience corporelle très centrée et stabilisante. Parfois, nous ne nous asseyons pas vraiment quand nous nous asseyons sur notre coussin ou notre chaise. On n’est presque pas sur le coussin. Lorsque je m’assois sur mon coussin, je prends conscience du contact avec le coussin et de toutes les tensions que j’ai dans mon corps, cela peut être derrière mon front, dans mes épaules ou dans mon abdomen. En inspirant, je prends conscience de mon corps et en expirant, je relâche cette tension dans mon corps. Puis, lentement, à chaque expiration, j’atterris un peu plus sur mon coussin jusqu’à ce que je m’assoie comme une montagne.

La pratique de prendre conscience de tout mon corps, du haut de ma tête jusqu’à la pointe de mes orteils, et de garder cette conscience vivante pendant toute la période d’assise, provoque un sentiment de joie et de bonheur dans mon corps et mon esprit qui est très nourrissant.
Quand nous pratiquons la marche lente dans la salle de méditation, je prends conscience de mon corps en mouvement dans l’espace. Chaque fois que je fais un pas, je prends conscience du contact entre mon pied et le sol. J’aime mettre tout mon poids sur mon pied lorsque je fais un pas et me reposer à chaque pas. Quand je pose le pied par terre, il y a une petite pause pendant laquelle je me repose dans mon pas. Il y a un sentiment physique de s’enfoncer dans la marche. J’aime pratiquer cela aussi à l’extérieur, mais pas si lentement. Parfois, se reposer à chaque pas peut s’avérer très difficile.

Par exemple, lorsque la cloche d’activité a déjà été invitée, il faut se dépêcher. Quand on marche à la hâte, on ne se repose pas à chaque pas. Au lieu de cela, il semble que nous touchions rapidement la terre pour aller quelque part. Dans ces moments-là, je m’entraîne à enlever la hâte de mes pas pour pouvoir me reposer à chaque pas. Cela peut être difficile parce qu’il y a quelque chose en moi qui me dit que si je ne me dépêche pas, je vais être en retard. Cependant, si je ne me dépêche pas, j’y arriverai beaucoup plus vite parce que la hâte vient de l’inquiétude et l’inquiétude est très lourde et me ralentit. Si nous laissons tomber la hâte et l’inquiétude, nous nous déplaçons d’une manière plus légère et nous pouvons être dans chaque pas et être à l’heure. On peut aller plus vite, mais on n’a pas besoin de se dépêcher.

Quand nos actions corporelles sont calmes et paisibles, notre esprit est aussi calme et paisible et notre Silence Extérieur devient le Silence Intérieur. Le Silence Intérieur est le fondement de l’Écoute Profonde. C’est l’essence même pour « Demeurer dans le Moment Présent » et être capable de toucher ce qui se passe à l’intérieur de nous et autour de nous. Le Silence Intérieur nous rend disponibles pour nous-mêmes, nos proches et les Merveilles de la Vie.

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Thich Nhat Hanh January 15, 2020

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