Le maître zen Thich Nhat Hanh, réputé pour avoir fait le pont entre la spiritualité orientale et occidentale, est le lauréat du prix Pacem in Terris 2015 pour la paix et la liberté.
Bishop Martin Amos a voyagé jusqu’au Monastère de Deer Park en Californie du Sud pour remettre le samedi 31 octobre 2015 le prix au maître zen de 89 ans. Soeur Chan Khong et Frère Phap Dang ont accepté le prix au nom de Thich Nhat Hanh, qui continue à se rétablir à San Francisco, en présence de 120 monastiques et de 500 retraitants présents au monastère.
Thich Nhat Hanh reçoit le prix Pacem in Terris à l’occasion du 50ème anniversaire de la sélection de Martin Luther King Jr. pour ce même prix. Les deux chefs religieux partageaient un lien de paix et de non-violence qui a influencé le climat politique à la fin des années 1960.
Thay a écrit au Dr King en 1965 pour lui demander de dénoncer publiquement la guerre du Vietnam, ce que le leader américain des droits civils a fait dans son discours fameux de 1967 à l’église Riverside de New York. Plus tôt cette année-là, le Dr King a proposé la candidature de Thay pour le prix Nobel de la paix, le qualifiant « d’apôtre de la paix et de la non-violence ».
Alors que les efforts de paix de Thay s’intensifient, les risques s’intensifient également et il est contraint de fuir le Vietnam en 1966 après une tentative d’assassinat. Thay a mis à profit son statut d’exilé pour concilier les défis politiques et spirituels de l’Est et de l’Ouest dans un effort pour réaliser son engagement de toute une vie en faveur de la paix et de la justice universelles.
Il a été choisi pour représenter la délégation bouddhiste pour la paix lors des pourparlers de paix de Paris en 1969, qui ont abouti à la signature des accords de paix de Paris en 1973, mais ont également cimenté son exil du Vietnam.
En 1976, Thay a participé à la Conférence mondiale sur la religion et la paix à Singapour où il a été témoin de la situation critique des réfugiés vietnamiens (Boat People) et a organisé des efforts pour les sauver.
En 1982, Thay a fondé le Village des Pruniers près de Bordeaux, en France, qui s’est développé pour devenir quatre monastères interconnectés. Il a également fondé trois monastères aux États-Unis, un en Allemagne, un à Hong Kong et deux au Vietnam (qui ont été supprimés par le gouvernement vietnamien). Dans les monastères, une écoute attentive rend les enseignements sur l’action compatissante accessibles et vivants.
De retour aux États-Unis, Thay a mené des marches pour la paix en 2005 et 2007 afin de lutter contre les tensions raciales à Los Angeles. Toujours en 2007, il a organisé et dirigé des « Grandes Cérémonies de Requiem » destinées à panser les blessures de la guerre du Vietnam. Plus récemment, il a envoyé des délégués à la conférence de 2014 sur l’esclavage et la traite des êtres humains.
Jusqu’à sa maladie en novembre 2014, Thay a continué à parcourir le monde, s’entretenant avec des dirigeants politiques et religieux, s’assurant leur soutien dans la poursuite d’une paix mondiale durable. Dans un communiqué de presse publié en 2013 par les monastères du village des pruniers, Thay a réfléchi : « Sur l’autel de mon ermitage en France se trouvent des images de Bouddha et de Jésus, et chaque fois que j’allume de l’encens, je les touche tous les deux comme mes ancêtres spirituels. »
Thich Nhat Hanh, lauréat du prix Pacem in Terris Peace and Freedom de cette année, est un universitaire parlant couramment sept langues et auteur de plus de 100 livres : « Être la paix » ; « La paix à chaque pas » ; « Le lotus dans une mer de feu » ; « Bouddha vivant, Christ vivant » ; « Toucher la paix » ; « La paix commence ici », et un poème sur la situation critique des boat people vietnamiens, « Appelez-moi par mes vrais noms ». Il est également un calligraphe prolifique, un enseignant et une voix mondiale pour la paix.
Les laureats précédents du prix Pacem in Terris Peace and Freedom Award
Photo credit: Ron Forster