le 18 octobre 2018 au temple de la bonté aimante au Hameau nouveau durant la retraite de 90 jours ( 10 sept-13 décembre 2018)
Récemment au Hameau du bas, nous avons eu une journée de travail communautaire très joyeuse, pendant laquelle des amies laïques et des sœurs ont nettoyé l’étang aux lotus. Le matin, assise avec une amie nous contemplions l’étang. Une seule fleur de lotus était restée épanouie, enfouie au milieu des centaines de feuilles et de fleurs fanées. Par contre, en fin de journée, dans l’étang, dans l’eau, il ne restait plus aucune feuille, sauf la fleur de lotus avec une grande feuille à côté. C’était magnifique à voir car le matin elle était perdue au milieu de ces feuilles fanées, et le soir elle pouvait se montrer dans toute sa splendeur. Mais ce qui était aussi magnifique lorsque je suis passée, c’est qu’à côté de cette fleur, il y avait plein de statues de boue qui bougeaient, certaines étaient allongées dans l’eau, faisant différentes postures. Il faisait doux et assez chaud. C’était plusieurs de nos amies, et l’après-midi également quelques unes de mes sœurs se sont réjouies de jouer dans la boue. En même temps parmi ces statues de boue, il y avait cette magnifique fleur de lotus épanouie. Après, elles sont sorties de la boue et elles avaient la peau toute brillante. Notre maître nous a offert cette très belle image que sans boue, il n’y a pas de lotus. Alors prenez des bains de boue et vous serez de magnifiques lotus….
Aujourd’hui nous allons étudier ensemble le livre intitulé “Un lotus s’épanouit« , un livre de méditations guidées. Nous allons regarder ensemble comment nous pouvons utiliser ce livre, comment utiliser ce trésor offert par notre maître et la sangha, comment nous pouvons nous en servir dans notre quotidien. C’est un cadeau très précieux.
Notre maître nous dit : « La méditation n’est pas une évasion, c’est une rencontre sereine avec la réalité ». Comment méditer, non pour s’évader, mais pour être là avec tout ce qui se passe dans notre quotidien.
Voici une histoire dans l’un des sutras du Bouddha:
“Un jour, le Bouddha se promenait dans les champs à la saison des labours. Un fermier du nom de Kasibharadvaja l’arrêta et déclara au Bouddha avec un certain mépris:
-« Nous sommes des fermiers, nous labourons, semons des graines, fertilisons le sol, surveillons la croissance des plantes et faisons les moissons afin de nous nourrir. Mais vous, vous êtes oisifs, vous ne produisez rien et pourtant vous mangez. Il parlait au Bouddha et à tous les moines et moniales présents. Vous êtes inutiles, vous ne labourez pas, ne semez pas, ne fertilisez pas, ne surveillez pas les récoltes et ne faites pas les moissons. »
Le Bouddha lui répondit:
-« Détrompez-vous, nous aussi, nous labourons, semons, fertilisons, surveillons la pousse et récoltons. »
Le fermier demanda au Bouddha:
-« Mais où sont vos charrues, vos buffles et vos graines. Quelle récolte surveillez-vous, laquelle récoltez-vous? »
A ce moment-là, le Bouddha lui a expliqué:
-« Les graines sont notre foi dans la pratique, la terre est la vraie nature de notre esprit, la charrue est notre pleine conscience, le buffle est notre pratique assidue, et notre récolte, l’amour et la compréhension. »
Comment prendre soin de notre corps et de notre esprit? Comment pouvons-nous faire? Comment pouvons-nous guider notre esprit qui nous amène dans des directions où nous ne voulons pas forcément aller? Comment le guider? Souvent quand nous commençons la méditation, on s’assoit et on s’aperçoit que notre esprit va très vite. Nous ne sommes pas capables de voir toutes les pensées qui passent dans notre esprit. Nous pratiquons l’arrêt, mais l’esprit continue à tourbillonner. C’est très doucement et avec patience que l’on va pouvoir le ralentir. C’est comme un ventilateur qui, en été, tourne si vite que l’on ne distingue pas les pales. C’est seulement lorsqu’on l’arrête qu’il ralentit progressivement et que l’on peut commencer à distinguer les pales, les voir jusqu’à l’arrêt complet. C’est la même chose avec notre esprit, cela prend un certain temps avant qu’il ne se pose et que l’on puisse discerner, voir nos différentes pensées, ce qui se passe dans notre esprit.
Dans la tradition bouddhiste, la méditation transforme et guérit. Elle nous permet de restaurer la totalité de notre être. Elle nous permet d’être frais, stable et concentré. A ce moment-là, nous pouvons regarder profondément ce qui se passe en nous, ce qui se passe autour de nous. Nous pouvons voir clairement la réalité telle qu’elle est. Quelle est l’énergie qui nous permet cela? C’est l’énergie de la pleine conscience qui nous permet d’être conscient de ce qui se passe en nous et autour de nous. Elle va éclairer l’objet de notre méditation. Elle nous permet d’être en contact avec la vie ici, maintenant, dans le moment présent.
Nous allons écouter un son de cloche, retourner à notre corps, revenir au moment présent.
J’inspire
J’expire
Ce livre Un lotus s’épanouit est un manuel de méditations guidées que nous pouvons utiliser pendant l’assise, pendant la marche méditative, mais aussi dans notre quotidien, par exemple lorsque nous mangeons. Car la plupart du temps notre esprit est distrait, nous ne sommes pas vraiment là. Ce matin pendant le petit déjeuner, je contemplais et voyais comment l’esprit peut être distrait: il va partir regarder les personnes qui sont autour de nous, regarder ce qu’il y a dans l’assiette de la personne en face de nous, partir dans le futur ou retourner dans le passé, dans les soucis, dans les regrets du passé. Dans ces situations, nous pouvons trouver des méditations guidées qui vont nous aider. La première chose, c’est revenir à notre corps:
Je reviens à mon corps. Mon corps est assis là sur un banc ou sur une chaise. Mes mains tiennent le bol ou l’assiette, la cuillère ou la fourchette. Quel mouvement je fais? Je regarde la nourriture, quand la nourriture vient à ma bouche.
Nous sommes réellement en conscience avec le corps, avec la nourriture. Au lieu d’avaler rapidement la nourriture, nous pouvons savourer, sentir les différentes textures. Ensuite, nous pouvons contempler d’où vient la nourriture à l’aide du regard profond posé sur la nourriture, la vision profonde.
Nous voyons que ces méditations guidées qui nous sont offertes dans ce livre peuvent être utilisées à de nombreux et différents moments de la journée, et pas seulement lors de l’assise. Bien sûr, elles nous aident dans l’assise pour faire un travail de transformation et de guérison.
Ces méditations viennent de différents sutras, textes relatant les enseignements du Bouddha, principalement de deux sutras. Si vous étiez présents dimanche dernier, Sœur Hoi Nghiem, la sœur abbesse du Hameau du bas, a parlé de Anapanasati Sutta et de Satipatthana Sutta. Le Sutra de la pleine conscience de la respiration est traduit à partir du pali Anapanasati Sutta, numéro 118 du Majjhima Nikaya. Le Sutra des quatre établissements à la pleine conscience est traduit à partir du Sattipathana Sutta, numéro 10 du Majjhima Nikaya du canon pali.
Avant d’offrir ces méditations guidées sous forme de livre, elles ont été mises en pratique pendant des retraites, offertes par notre maître au cours des années, et également par la Sangha, par nos enseignants laïques et monastiques. C’est donc le fruit d’une très longue expérience de pratique mise sous forme de livre à la demande des amis, c’est un trésor. Elles nous guident et nous soutiennent, c’est comme si nous avions toujours Thây et la Sangha avec nous.
Si je ne sais que faire avec mon esprit qui m’emporte, je peux ouvrir le livre, choisir une méditation guidée et me concentrer dessus. Cela va aider à mettre notre esprit dans une direction où nous souhaitons aller. Au lieu que ce soit l’esprit qui décide où il veut aller, c’est nous qui allons décider: « Où est-ce que je veux amener mon esprit? Où est-ce que je veux porter mon attention? »
Sati, c’est en pali. En sanscrit, c’est smriti.
Dans la grande salle de méditation au Hameau du haut, il y a un vitrail. Savez-vous ce que dit ce vitrail?: Smirti Samadhi Prajna . Pleine conscience, concentration, vision profonde.
Dans Anapanasati Sutta, le Bouddha enseigne une méditation guidée sur la respiration. Ce sont seize exercices. Notre maître a offert de nombreux enseignements sur ces 16 exercices, ainsi que nos frères et sœurs enseignants du Dharma. Dans de nombreux livres de Thây, ces seize exercices sont expliqués en détail. C’est une merveilleuse méditation guidée. Beaucoup des méditations proposées dans Un lotus s’épanouit sont basées sur ces seize exercices. Le premier, c’est la respiration pour être en pleine conscience du corps. Et chacun de ces seize exercices comprend quatre lignes. Ensuite c’est la respiration pour être en pleine conscience des sensations, agréables, désagréables ou neutres, quand elles apparaissent, durent et disparaissent.
Ensuite c’est la respiration pour être en pleine conscience de l’esprit, chitta, ou les formations mentales.
Ensuite c’est la respiration pour être en pleine conscience des objets de l’esprit, c’est-à-dire tous les phénomènes. Chacune des formations mentales doit avoir un objet: par exemple, si je suis en colère, c’est contre quelqu’un ou quelque chose. Mon esprit est envahi par la pensée de cette personne ou cette chose qui m’a mis en colère. Autre exemple, lorsque je suis en pleine conscience de ma main, en regardant profondément je peux y voir la main de ma mère, la main de mon père, de tous mes ancêtres, je peux y voir l’impermanence de ma main, de mon corps, l’objet de mon esprit à ce moment là est ma main.
Le second sutra, c’est Satipatthana Sutta, les quatre fondements ou établissements de la pleine conscience. On retrouve le mot sati en pali / smriti en sanscrit. La pleine conscience, c’est aussi se souvenir, se rappeler. Upatthana, c’est le lieu de demeure, l’établissement. Le titre en chinois, c’est Niang tu, Niang signifiant être attentif à, consacrer son attention à, se souvenir de. Si je me souviens de ma respiration, je suis la respiration. Et Tu signifie le lieu de demeure, l’acte d’habiter. Si je suis en pleine conscience de mon corps, je vais habiter mon corps. Or la plupart du temps, nous n’habitons pas notre corps. Notre esprit et là-bas, notre corps est ici, alors comment habiter notre corps? Les quatre établissements de la pleine conscience nous y aident. tout comme dans Anapana Sati sutra, le premier établissement de l’attention est fondé sur le corps. L’on dit l’observation du corps dans le corps. Ensuite les sensations dans les sensations. Le troisième établissement est fondé sur les contenus de l’esprit. Ce sont aussi les états d’esprit comme la confusion, la colère, la concentration. C’est l’esprit dans l’esprit. Le quatrième établissement est fondé sur les objets de l’esprit, les phénomènes ou les dharmas: les dharmas dans les dharmas. Sur les objets de l’esprit dharmas , l’objet de mon attention peut être mon souffle, mon orteil, mes doigts ou ma main…Cela peut être aussi une perception ou une sensation, ou encore une forme. Par exemple, l’objet de mon esprit peut être Michèle qui est assise devant moi. Si je regarde profondément Michèle, je peux essayer de me mettre à sa place, devenir elle, voir toute sa lignée d’ancêtres. On a l’expression « se mettre dans les chaussures de l’autre ». Pour bien comprendre quelque chose ou quelqu’un, il faut pénétrer dans cette chose et voir la non-séparation entre la chose contemplée et soi-même. C’est tout un travail intérieur. Si nous voulons voir et comprendre, nous devons pénétrer l’objet et devenir un avec lui. La pleine conscience, c’est être complètement présent à nous-mêmes, nous habiter nous-mêmes, être là dans notre lieu de demeure. C’est aller de plus en plus profondément en nous-mêmes et retirer les séparations que nous avons imaginées entre le monde et nous-mêmes. Par exemple, si je contemple Michèle assise là devant moi, je peux percevoir que l’observateur et ce que j’observe, nous ne sommes pas séparées l’une de l’autre. C’est pour cela que l’on dit le corps dans le corps, nous ne sommes pas à l’extérieur du corps. Nous sommes un avec notre corps, dans notre corps, nous sommes participants. Nous ne faisons pas que regarder. Au début, on va être observateur, mais au fur et à mesure de la pratique, grâce à la méditation, on va devenir un avec ce que l’on observe; cela ne sera plus intellectuel.
Il ne pourra y avoir transformation que si l’observateur participe. La science actuelle montre que les choses changent lorsqu’on les regardent. Ce que le Bouddha et des grands maîtres avaient trouvé, aujourd’hui la science peut le prouver.
Lorsque nous inspirons et que nous savons que nous inspirons, l’existence de notre souffle devient très évidente. Il y a une différence entre le fait de savoir intellectuellement que j’inspire et petit à petit avec la pratique régulière, il va y avoir le souffle qui est là, pas seulement l’idée que je suis en train d’inspirer. Il n’y a plus de dualité entre l’observateur et le souffle que l’on observe. Seulement le souffle, la respiration. Et l’on s’aperçoit que l’on est devenu calme, le souffle s’est apaisé, le corps s’est apaisé.
Ces quatre établissements de la pleine conscience sont l’essence de notre demeure. Sans eux, notre maison, notre corps, est abandonné: on ne s’en occupe pas, on ne le nettoie pas, elle est en désordre. Si l’on regarde notre esprit et notre corps, que l’on ne s’en occupe pas, si on ne les habite pas, alors notre corps est négligé, nos sensations sont pleines de souffrances, d’afflictions. Mais si on est vraiment là, chez nous, alors nous sommes un lieu de refuge pour nous-mêmes et pour les autres.
Maintenant nous allons nous consacrer à l’étude du livre. toutes ces méditations guidées ont un but différent: certaines sont là pour nous nourrir, ramener en nous de la stabilité, de la fraîcheur, de la joie, être en contact avec la vie autour de nous. certaines méditations guidées visant les mêmes buts se suivent et l’on peut les pratiquer les unes après les autres. D’autres sont plus complexes et il sera mieux d’attendre d’être plus solide dans la pratique pour les utiliser.
Nous allons parcourir le livre qui est organisé selon un certain ordre avec le corps, les sensations, l’esprit, les objets de l’esprit. quand nous utilisons ce livre, nous choisissons les méditations les plus appropriées à nos besoins, aux circonstances de notre vie. L’on va regarder alors: de quoi ai-je besoin?
Ces méditations vont aussi nous aider à éclairer tous les recoins de notre esprit. Il y a des recoins où l’on aime pas trop aller, mais la méditation, comme nous l’avons rappelé au début, n’est pas une évasion, mais une rencontre sereine avec la réalité. C’est pouvoir regarder totalement tout notre être dans tous ses recoins. Parfois il y a des recoins sombres où l’on n’aime pas trop aller; si on utilise l’image de la glace, il y a des endroits glacés à l’intérieur de nous qui sont comme des poids. Avec la lumière de la pleine conscience, l’énergie de la pleine conscience, la méditation, on va éclairer ces recoins sombres et cachés, faire fondre la glace.
Certaines méditations nous aident à reprendre contact non seulement avec notre corps et notre esprit, mais aussi avec la famille, la société, le monde dans son ensemble. quelquefois nous nous sentons seuls et ces méditations vont ouvrir un chemin de guérison. Il est important de ne pas sous-estimer le pouvoir de transformation de l’esprit, nous avons tous ce pouvoir, cette possibilité de transformer notre esprit.
Pour parler de ma propre pratique, j’ai commencé à pratiquer la méditation il y a environ une quarantaine d’années et la méditation est devenue partie intégrante de ma vie depuis quarante ans. La première fois que j’ai médité, j’étais assez jeune, une vingtaine d’années. Je suivais des cours de yoga et le professeur nous a proposé de méditer. Je me suis assise mais je ne savais pas quoi faire avec mon esprit. J’étais là et c’était bien. Comme j’ai été élevée dans la tradition catholique, je me disais « j’ai rendez-vous avec Dieu » en moi-même. Par la suite, je me suis aperçue que j’avais besoin de quelque chose pour guider mon esprit. Mon travail exigeant d’être très concentrée, j’avais déjà cet élément très important en moi de pouvoir construire la concentration. C’est une chance que j’ai eu dans mon métier d’apprendre cette concentration, consciente de mes mouvements, d’être vraiment là dans ce que je faisais. Donc dans la méditation, je me suis dit que cela serais bien si j’avais quelque chose sur lequel poser mon esprit. A travers la lecture de livres, j’ai entendu parler des mantras, phrases qui poussent à adopter une attitude plus concentrée, elles peuvent être en sanskrit, en français ou tout autre langue. Dans mon cas, c’était un mantra en sanskrit que j’appris à répéter dans ma tête pour garder mon esprit concentré, lui éviter de partir dans toutes sortes de pensées. Lorsque mon esprit partait dans toutes sortes de pensées, d’inquiétude ou de peur, je ramenais le mantra dans ma tête. Pendant des années, j’ai utilisé un mantra avec un mala qui est une sorte de collier de perles en bois. Thây nous conseille d’utiliser des mantras dans une langue que nous comprenons. Au Village des Pruniers nous utilisons souvent la phrase telle que « je suis chez moi, je suis arrivé » ou d’autres phrases qui nous parlent, ou nous pouvons simplement revenir à la respiration, et l’on tourne les graines du mala. Cette utilisation des mantras se retrouve dans de nombreuses traditions, par exemple dans la tradition chrétienne avec le rosaire. C’est pour aider l’esprit à revenir, revenir. Dans ma propre pratique, j’ai vu que cela a amené beaucoup de calme, d’apaisement, de solidité dans mon esprit qui se posait et se calmait. Mais je voyais aussi dans mon quotidien certaines difficultés avec lesquelles je n’arrivais pas à aller plus loin. Puis j’ai rencontré l’enseignement du Bouddha, l’enseignement et les méditations guidées offerts par Thây. D’abord je suis allée dans un monastère de tradition japonaise où l’on utilisait des koan, des phrases qui n’ont ni queue ni tête pour nous aider à percer à travers l’intellect. J’ai apprécié cette pratique qui m’a aidé à aller au-delà de l’imagination, de rêveries vers lesquelles mon esprit était porté à aller. Ensuite j’ai rencontré les méditations guidées de Thây et cela fut un très grand cadeau pour ma pratique. Ce fut une grande aide pour aller plus profondément en moi-même.
Alors comment les utiliser? Je vais vous dire comment j’ai fait. Je choisissais une méditation qui m’interpellait.Une des toutes premières que j’ai choisi était une méditation sur les quatre éléments; la terre, le feu, l’eau, l’air. Vous pouvez prendre le livre, vous asseoir, lire la première phrase, fermer les yeux et répéter cette première phrase à l’intérieur de vous. « J’inspire, je suis consciente de mon corps. J’expire , je souris à mon corps ». Répète: « J’inspire, je suis consciente de mon corps. J’expire, je souris à mon corps ». Pour chaque méditation, c’est toujours très important d’être conscient de la respiration et de revenir dans le corps, et ensuite l’on peut entrer dans la méditation guidée.
« J’inspire, je vois l’élément terre dans mon corps. J’expire, je souris à la terre dans mon corps ». Je visualise alors tous les éléments terre, tous les éléments solides dans mon corps. Je me souviens que je l’utilisais non seulement dans l’assise, mais aussi dans la marche à l’extérieur, voyant la terre à l’extérieur et la terre en moi-même. La terre à l’extérieur, la terre en moi-même.
« J’inspire, je vois l’élément eau en moi ». Je regarde profondément et je contemple où est l’élément eau en moi. Où est l’eau dans mon corps? La majorité de notre corps est composé d’eau: la sueur, la salive, le sang, l’urine… Je vois l’eau à l’intérieur de mon corps et je vois l’eau à l’extérieur de mon corps, dans un ruisseau ou dans le bruit de la pluie. Est-ce différent, l’eau à l’intérieur, l’eau à l’extérieur? Comment l’eau vient dans mon corps, sort de mon corps.
Ensuite je fais de même avec l’élément feu.
On prend une ligne, on lit, on l’amène dans notre esprit, on répète. Ensuite on ouvre les yeux et l’on lit la deuxième ligne. Puis l’on essaie de les apprendre par cœur. Le lendemain, peut-être les deux premières lignes vont venir naturellement, ensuite l’on peut apprendre selon notre mémoire, les troisième et quatrième lignes. Jour après jour, on essaie de garder la même méditation pour quelque temps, une semaine, deux semaines, un mois, afin de vraiment travailler avec.
C’est pareil lorsque je parlais tout à l’heure du repas: je suis assise, consciente de mon corps et je vois la nourriture devant moi. D’où vient-elle? Je vois l’élément terre, la nourriture qui a poussé dans la terre. Ainsi l’on va entrer en contact avec l’inter-être de toute chose, l’interdépendance de toute chose.
Vous pouvez ainsi choisir les méditations qui vous parlent beaucoup.
La première des choses et la plus importante, c’est d’entrer en contact avec le corps. Donc les premières méditations, et celles que l’on doit continuer à garder tout au long de notre pratique, c’est revenir dans notre corps. La plupart du temps, nous ne sommes pas présents à notre corps. On peut être distrait, travailler sur un ordinateur ou assis à un bureau, et l’on oublie que l’on a un corps. surtout lorsque notre corps est un peu douloureux ou malade, on n’a pas envie de s’en occuper, on le met de côté.
Nous allons pratiquer une courte méditation guidée sur le corps.
Nous allons écouter un son de cloche:
J’inspire et je sais que c’est une inspiration
J’expire et je sais que c’est une expiration
Inspiration
Expiration
J’inspire et je constate que mon inspiration devient plus profonde
J’expire et je constate que mon expiration devient plus douce
Plus profonde
Plus douce
J’inspire, j’éprouve du plaisir pendant mon inspiration
J’expire, j’éprouve du plaisir pendant mon expiration
Plaisir de l’ inspiration
Plaisir de l’ expiration
J’inspire, je sais que j’ai un corps vivant, une merveille de la vie
J’expire, je souris à mon corps
J’ai un corps
Sourire
J’inspire, je reconnais l’existence des tensions dans mon corps
J’expire, je relâche les tensions dans mon corps
Tensions dans mon corps
Relâcher les tensions
J’inspire, je sais que je suis vivante
J’expire, je souris à la vie en moi et autour de moi
Vivante
Sourire à la vie
J’inspire, je m’établis dans le moment présent
J’expire, je sais que c’est un moment merveilleux
Moment présent
Moment merveilleux
Pour cette méditation, je suis allée assez vite. Si vous êtes dans une file d’attente ou assis dans un transport, vous pouvez simplement prendre quelques phrases comme cela et simplement guider votre esprit, amener ces phrases dans votre esprit, ce qui vous nourrit de façon très saine. On revient dans notre corps, on revient dans l’ici et maintenant. On touche les éléments vivants en nous, le simple fait que notre corps est vivant, que c’est une merveille même s’il n’est pas très bien, peut-être a-t-il des tensions, mais c’est une merveille. Et savoir apprécier ce moment, simplement « je suis là, je suis vivant ».
On peut les utiliser dans l’assise en prenant des temps beaucoup plus longs entre chaque proposition. Et les mots-clés nous aident à poser notre esprit, ce n’est pas d’ordre intellectuel. quand on dit « j’ai un corps, sourire », alors essayez d’amener vraiment un sourire sur vos lèvres. Peut-être au début, ce n’est pas si facile, particulièrement si l’on n’aime pas trop notre corps, si on le maltraite. Mais petit à petit apprendre à sourire et à entrer en contact avec notre corps. C’est nourrir notre corps et notre esprit.
Voici les 4 premières phrases de Anapatti Sutta concernant le corps:
J’inspire, je sais que j’inspire
J’expire, je sais que j’expire
Inspiration
Expiration
C’est reconnaître dans la pratique que j’inspire et que j’expire, reconnaître ce qui se passe en moi et autour de moi, reconnaître ce qui est là.
Les phrases suivantes suivent la respiration dans tout son parcours:
J’inspire et je suis mon inspiration sur tout son parcours
J’expire et je suis mon expiration sur tout son parcours
Apprendre à suivre tout le parcours de notre respiration dans l’inspir et dans l’expir.
Ensuite la conscience du corps pendant la respiration:
J’inspire et je suis conscient de mon corps
J’expire et je suis conscient de mon corps
La quatrième proposition: calmer / relâcher:
J’inspire et je calme mon corps
J’expire et je relâche les tensions
Dans le livre, nous trouvons tout un assortiment de méditations concernant le corps: revenir à mon corps dans le moment présent, m’établir dans le moment présent, sourire à la vie en moi, le corps détendu, savourer la joie de la méditation. Prendre soin des organes de mon corps. Comment prendre soin de ma santé, de ma paix, de ma joie?
Je peux avoir envie de prendre soin de mon corps, mais je ne sais pas comment faire. Je voudrais manger des aliments sains, faire des choses saines pour mon corps, mais je n’y arrive pas. Alors je peux pratiquer une méditation guidée, sans me juger, sans me culpabiliser. Mais je vais guider mon esprit dans une certaine direction, par exemple manger des aliments sains ou m’occuper de mon corps.
Cette méditation pour prendre soin des organes de mon corps, pour prendre conscience des poisons que j’introduis chaque jour dans mon corps, va m’aider simplement à reconnaître et lâcher prise. Prendre conscience que je n’ai pas envie d’introduire ces toxines dans mon corps.
Au début de ma pratique de la méditation, mon esprit parvenait à se poser, j’étais heureuse et satisfaite d’être dans le silence. A mes débuts, quand j’entendais des personnes parler ou voulant me guider dans la méditation, c’était très dérangeant pour moi car je trouvais que cela interrompait mon calme et ma méditation. Puis j’ai découvert le pouvoir de la méditation guidée quand elle est bien faite: cela veut dire que la personne qui guide a de la stabilité, de la solidité et elle-même pratique. Ce n’est pas une simple répétition. C’est une pratique qui nous aide à descendre profondément à l’intérieur de nous-mêmes, et va nous transformer et nous guérir. C’est tout un art de pratiquer. Nous au village, nous offrons des méditations guidées qui sont des méditations assez simples. Mais il y a des méditations beaucoup plus profondes que vous pouvez apprendre par cœur pour vous guider ou bien encore enregistrer votre voix. La technologie actuelle offre aussi : Plumvillage App, une application sur laquelle vous pouvez trouver des méditations guidées pour vous aider à pénétrer à l’intérieur de choses profondément enfouies, qui vont ainsi se dévoiler et pouvoir être transformées.
La méditation, c’est une rencontre sereine avec la réalité, la réalité en nous-mêmes et la réalité des choses autour de nous. Bien sûr, il y a des moments où l’on a simplement envie d’être dans un état de calme et c’est ce dont on a besoin. On n’a pas trop envie de partir dans le regard profond ou la contemplation. Il faut savoir aussi quel est votre besoin.
Dans les méditations concernant le corps, il y a des méditations qui sont là mais demandent à ce que l’on soit déjà très solide dans notre pratique de contemplation du corps. Ce sont les méditations sur la décomposition de notre corps, le fait que notre corps va devenir un jour un cadavre et se décomposer. Ces méditations vont nous aider à nous familiariser avec cette idée de la mort, cette idée de l’impermanence du corps, cette idée que, pour nous tous, notre corps va un jour retourner à la terre. Il y en a plusieurs, portant sur notre propre corps, celui d’un bien-aimé, celui d’une personne contre qui l’on est en colère. Ces méditations demandent à ce que l’on soit solide et fort dans la pratique. Ce sont de très belles méditations.
La méditation sur la nature de non-naissance et de non-mort est vraiment merveilleuse. La nature de non-naissance et de non-mort de mes yeux grâce à l’inter-être. On peut être conscient de nos yeux, on peut sourire à nos yeux, c’est merveilleux d’avoir des yeux qui permettent de voir les couleurs, la beauté tout autour de nous. On peut voir que nos yeux viennent de la réunion des quatre éléments: l’eau, le feu, la terre, l’air. On contemple cela. Et lorsqu’il manque l’un de ces éléments, quand survient la dissolution de ces éléments, nos yeux cesseront d’être. Une de nos sœurs, assez jeune, a perdu l’usage de l’un de ses yeux. Lorsque des organes de notre corps ne fonctionne pas, nous prenons conscience combien chaque organe est précieux. Lorsque l’une des conditions est retirée, l’organe ne fonctionne plus. Si nos organes fonctionnent bien, on peut leur sourire et leur dire merci, ne pas prendre leur fonctionnement pour acquis.
Je vois que les yeux peuvent contenir les rayons du soleil. Je contemple le soleil ou la lune, et mes yeux contiennent cela. Je vois aussi que mes yeux peuvent contenir le cosmos tout entier. Je peux donc voir la nature de l’inter-être de mes yeux. Et je peux faire cela avec chaque organe de mon corps. Cette méditation se termine ainsi:
J’inspire, je vois l’un comme base du tout
J’expire, je vois le tout comme base de l’un
J’inspire, je vois la nature de non-naissance de mes yeux
J’expire, je vois la nature de non-mort de mes yeux
Toutes ces méditations sur le corps et les autres méditations portent sur l’impermanence du corps. Tout est impermanent, tout se transforme, et grâce à cela, tout peut exister. Sans cela, nous resterions des enfants, la plante ne deviendrait pas l’orchidée, la graine dans l’étang ne deviendrait pas lotus.
Une méditation que j’aime beaucoup et que j’ai beaucoup utilisé est celle sur la nature de non-naissance des vagues et de moi-même. Regardant l’océan ,on peut voir la vague se former puis se dissoudre. On peut voir la nature de non-naissance de la vague et la nature de non-mort de la vague. Elle retourne à l’océan.
La section suivante du livre concerne les sensations.
Nous avons plein de sensations et de formations mentales. Ce sont les deuxième et troisième établissements de la pleine conscience. Les sensations dans les sensations. Observer nos sensations quand elles apparaissent, quand elles durent, quand elles disparaissent. Est-ce que je ressens quelque chose d’agréable? Si j’ai une sensation agréable, ma tendance va être de vouloir me l’approprier et la garder. Si la sensation m’est désagréable, je vais vouloir la repousser et m’en éloigner. Si j’ai une sensation neutre, et le plupart de nos sensations sont neutres, bon, c’est là. Une sensation peut aussi être mixte.
Il importe de reconnaître quand une sensation est là. Elle va durer puis elle va passer, elle est impermanente. Si vous observez que vous avez une douleur physique ou une souffrance mentale, une insatisfaction, il importe de savoir que ça va passer. Or le plus souvent, on l’agrippe et elle va devenir une formation de plus en plus importante. Elle devient comme un bloc de glace.
Si vous avez une douleur physique et que vous l’observez, vous voyez qu’elle change, elle a plein de textures, elle se transforme. C’est pareil pour une souffrance mentale quand vous l’observez, elle apparaît, elle va durer un certain temps puis disparaître, et autre chose va venir.
Les sensations et les formations mentales, tout est formation. On appelle formation une fleur car elle est composée de plein de choses. C’est une désignation conventionnelle : le mot fleur.
Par exemple, notre colère est une formation mentale, elle est formée de plein de différentes choses.
Et quand une formation mentale surgit alors on sait qu’elle est là. Si je suis en colère, il importe de le reconnaître. Si je suis agitée par exemple, je le reconnais: « Il y a de l’agitation en moi, je suis agitée », il ne faut pas la mettre de côté, la repousser et dire « Je ne suis pas agitée ». Pratiquer la pleine conscience ne consiste pas à se dire « Je ne suis pas agitée » et essayer de ne pas être agité, mais à reconnaître et à accepter en soi « Je suis agitée ». J’inspire, je reconnais qu’il y a de la confusion en moi ou de l’agitation en moi ou de la joie en moi. S’il y a de la joie, je vais peut-être décider de nourrir cette joie. Si je reconnais qu’il y a de la tristesse, de la confusion ou de l’agitation en moi, je me dis « Sœur Dao Nghiem, tu es agitée ou tu es un peu triste”, et je peux respirer avec cela, y porter mon attention, en prendre soin, et peut-être si je me sens assez stable, essayer de comprendre, regarder profondément ce qui se passe, me demander qu’est-ce qui a amené cette tristesse?
C’est restaurer la beauté en moi. Si je passe, par exemple, par une phase de dépression et que je ne peux plus du tout entrer en contact avec les merveilles de la vie autour de moi, que puis-je faire? Je suis emprisonnée dans les soucis et les peines, je n’arrive pas à m’en sortir. Or il y a des méditations guidées qui permettent d’amener dans notre conscience des images de beauté des images de la nature. Petit à petit, on va s’apercevoir que ces images vont nous reconnecter avec les merveilles de la vie. Voici un exemple dans la méditation : Me nourrir et me guérir avec les merveilles de la vie:
J’inspire, je suis en contact avec l’air pur
J’expire, je souris à l’air pur
Ainsi nous guidons notre esprit pour nous remettre en contact avec les merveilles de la vie.
Se mettre en contact avec l’air pur de la montagne ou de la campagne, avec l’eau fraîche, avec le ruisseau limpide. C’est une méditation guidée que nous utilisons pendant plusieurs jours, plusieurs semaines. Après cette méditation, nous sortons dans la nature et nous nous apercevons que nous voyons la nature avec d’autres yeux, que cela nous a amené à être en contact avec les merveilles de la vie tout autour de nous.
Me nourrir et me guérir avec la pleine conscience des contacts sensoriels, reconnaître et embrasser mes sensations. qu’est-ce que j’arrose quotidiennement dans ma conscience? Regarder profondément les quatre nourritures de ma consommation quotidienne. Ce sont des méditations cruciales pour notre bien-être et celui de notre planète. Par exemple, cette méditation: Qu’est-ce que je consomme quotidiennement. On s’aperçoit peut-être que l’on souhaiterait changer sa consommation quotidienne sans savoir comment faire. On peut guider notre esprit, l’entraîner à porter son attention sur d’autres choses pour avoir une attention appropriée.
J’inspire, je suis consciente de la nourriture comestible que je consomme quotidiennement
J’expire, je vois l’effet de ma consommation sur ma propre vie
J’inspire, je vois l’effet de ma consommation sur l’univers
J’expire, je suis déterminée à manger de manière à réduire la souffrance des êtres vivants
J’inspire, je suis consciente des impressions sensorielles que je consomme quotidiennement
J’expire, je suis consciente de leur effet mon état émotionnel
J’inspire, je suis consciente de l’effet de ma consommation des impressions sensorielles dans la société
J’expire, je suis déterminée à sélectionner mes impressions sensorielles
J’inspire, je suis consciente des intentions et des aspirations que je consomme quotidiennement
J’expire, je vois leur effet dans ma vie
J’inspire, je suis consciente de l’effet de ma consommation des intentions et des aspirations dans la société
J’expire, je suis déterminée à sélectionner mes intentions et mes aspirations
J’inspire, je suis consciente de la conscience collective qui me nourrit quotidiennement
J’expire, je suis consciente que la conscience collective est faite de ma conscience individuelle
J’inspire, je suis déterminée à me protéger des aspects négatifs de la conscience collective
J’expire, je suis déterminée à contribuer positivement à la conscience collective
Quelquefois, nous pouvons nous demander si nous pouvons avoir une action autour de nous. Nous pouvons tomber dans le désespoir en nous disant que nous ne pouvons rien faire. Mais au contraire, en guidant notre esprit et en posant notre esprit sur ces différentes phrases qui nous sont proposées, nous allons orienter notre esprit et tout notre être dans une direction de vie et cela va nous aider. Inutile de faire beaucoup d’efforts. Nous pouvons nous asseoir quelques minutes le matin, lire une ou deux phrases, les apprendre, puis pendant la journée les laisser revenir en nous. Nous verrons que cela nous aide, qu’au lieu d’aller dans une direction de consommation qui amène du mal-être à nous-mêmes, aux personnes autour de nous et à la société, nous allons choisir une autre direction vers le bien-être, vers le bonheur pour nous-mêmes et pour toutes les personnes autour de nous.
Dimanche dernier, Sœur Hoi Nghiem a parlé des souffrances de l’insatisfaction, des quatre nobles vérités et comment nous occuper de notre souffrance, de notre insatisfaction. La tendance est souvent de les rejeter, à ne pas vouloir que cela fasse partie de nous-mêmes, à les nier. Mais à partir du moment où nous allons les accepter, leur sourire, dire « J’ai mal, je souffre, je sais que c’est difficile », nous allons faire la connaissance de notre souffrance, de nos formations mentales qui nous font souffrir. Nous faisons leur connaissance, les rencontrons, les pénétrons. Nous mettons la lumière de la pleine conscience dessus, c’est un retour vers nous-mêmes. comme je le disais au début, on prend un bain de boue joyeusement comme nos amies l’ont fait pour nettoyer notre étang de lotus, on prend un bain de boue quand on se sent suffisamment stable et fort, et de ce bain de boue va pousser un lotus, la fleur que l’on est, une fleur magnifique, une compréhension. Toutes ces méditations guidées vont nous aider à faire cela, à nous transformer. C’est un travail de patience. Il faut savoir choisir les méditations, ne pas sauter les méditations de base qui sont vraiment des méditations sur le corps, sur la respiration, sur le moment présent. Toujours commencer nos méditations par le retour à la respiration, par le retour au corps. Et savoir quand je ne me sens pas assez bien pour faire telle ou telle méditation qui va m’amener à m’échapper de moi-même. Savoir se dire qu’aujourd’hui j’ai plutôt besoin de me nourrir des merveilles de la vie, de revenir dans mon corps, d’être bien. Faire ce parcours pour vous découvrir vous-mêmes.
La dernière partie du livre concerne les objets de l’esprit. Les objets de l’esprit sont composés de quatre éléments très importants:
1) Avoir conscience de la nature de l’impermanence de toute chose et sourire à cela. C’est un fait, tout se transforme.
2) Avoir conscience de la nature de toute chose qui ne mérite ni désir, ni attachement. Peut-être on désire des choses, on s’attache à des choses qui nous font souffrir. On s’attache à notre idée du bonheur et c’est peut-être elle qui nous fait souffrir. Savoir à quoi je suis attachée. Où se porte mon désir? Peut-être que si je désire quelque chose, c’est ce désir qui me fait souffrir. Il s’agit de le reconnaître: ce désir ou cet attachement, n’est-ce pas cela qui me fait souffrir?
3) Contempler la nature de non-naissance et de non-mort de toute chose.
4) Cela nous permet de lâcher prise avec douceur, on sourit en voyant le lâcher prise d’une idée. Par exemple, l’idée que mon corps va rester toujours jeune et vigoureux.
Si je parle de moi-même par exemple, j’aime beaucoup faire de la randonnée en montagne. Si je suis attachée à l’idée que mon corps doit pouvoir faire de la randonnée en montagne tout le temps, je suis attachée. Je vais regarder cet attachement avec la méditation. Je vais regarder la nature de l’impermanence de mon corps. Mon corps change, se transforme, il perd certaines facultés, c’est un processus naturel. C’est normal, ça fait partie du cours de la vie. Avant d’être nonne, j’ai été mariée et j’ai une fille. Ma fille me continue, elle fait de la randonnée, elle va dans la montagne. Des amis, des frères, des sœurs marchent, ils continuent aussi la marche. Alors je lâche prise, je souris. Ce n’est plus une chose que je peux faire et ça va.
L’impermanence nous permet de chérir la vie dans le moment présent, de voir combien la vie est précieuse. Aujourd’hui le réchauffement climatique nous oblige à regarder profondément que notre planète et toutes les espèces qui vivent sur terre sont également impermanentes. Cette prise de conscience peut amener un certain désespoir. Si l’on sait que l’impermanence des choses fait partie de la vie, si l’on l’accepte, cela nous amène une forme de paix et nous permet de voir quoi faire et quoi arrêter de faire. On se demande: quelle est ma contribution au réchauffement climatique? quelle est ma contribution à la destruction de la terre? Qu’est-ce que je peux faire, qu’est-ce que je peux apporter? Qu’est-ce que je peux transformer dans ma vie de tous les jours?
Dans l’enseignement du Bouddha, le non-soi est une chose très belle. Mais ce n’est pas forcément facile à toucher en nous. Qu’est-ce que le non-soi? La méditation sur prendre soin de l’enfant blessé en nous-mêmes, l’enfant blessé en nos parents, nous aide à reconnaître cet enfant blessé en chacun de nous, même si nous avons eu une enfance heureuse. Souvent un enfant entend des mots, il y a des blessures qui restent là enfouies en nous et qui agissent, qui se montrent dans nos comportements d’aujourd’hui. Cela nous met en contact avec l’enfant blessé de nos parents en nous, qui se manifeste en nous dans le moment présent. Ainsi cette méditation nous permet de toucher le non-soi dans notre vie quotidienne et voir nos ancêtres en nous-mêmes.
La dernière méditation dont je vais parler, c’est toucher le Bouddha en nous-mêmes. La tradition bouddhiste dit que chacun a la nature de Bouddha. Comment puis-je toucher la nature de Bouddha en moi-même? Une très belle méditation dit : je laisse le Bouddha s’asseoir et moi-même je n’ai pas à m’asseoir. Avant de venir enseigner, j’aime me dire:
J’inspire, je sais que j’inspire
J’expire, je sais que j’expire
J’inspire, le Bouddha respire
J’expire, je laisse le Bouddha respirer
Ainsi je laisse le Bouddha respirer. Mais surtout:
J’inspire, je laisse le Bouddha enseigner
J’expire, je n’ai pas à enseigner
J’inspire, je laisse Thây enseigner
J’expire, je n’ai pas à enseigner
Sentir et laisser ainsi la nature de Bouddha en nous être là.
Il y a des moments dans notre vie où l’on n’y arrive pas, on se demande ce que l’on peut faire, l’on se sent devant un mur ou un obstacle infranchissable. Alors on peut simplement se dire:
J’inspire, je laisse le Bouddha faire pour moi
J’expire, je souris, je relâche
Je ne fais plus d’effort, je laisse le Bouddha faire pour moi. Selon notre tradition, cela peut être Jésus ou toute autre personne qui nous inspire ou vous donne de la force. On laisse à travers nous cette force de nos ancêtres faire le travail pour nous. On peut se reposer.
Notre maître Thây faisait de nombreuses marches méditatives dans de grandes villes. Si vous avez déjà voyagé avec Thây, Vous avez vu qu’il y a beaucoup de monde et de personnes prenant des photos. Thây racontait qu’en Corée, une foule de photographes et caméras de télévision étaient devant Thây, l’empêchant de marcher. A un moment, Thây s’est dit que ce n’était pas possible de marcher ainsi, alors il a dit: « Bouddha, je n’y arrive pas, alors maintenant c’est toi qui marche ». Il a laissé le Bouddha marcher. Les personnes devant lui se sont déplacées pour le laisser passer. Quelquefois nous pouvons sentir que l’énergie autour de nous est trop forte et nous ne nous sentons pas la capacité. « Je ne peux pas », alors lâcher et laisser tous nos ancêtres et maîtres spirituels faire pour nous. C’est beaucoup plus facile comme cela.
Pour terminer cet enseignement, j’aimerais vous dire que ce livre est vraiment un très beau cadeau que je vous recommande d’avoir sur votre table de nuit et partout où vous allez.
Ce que je fais encore aujourd’hui, j’écris quelques méditations sur une feuille que je garde dans ma poche. Je marche, puis je lis une ou deux phrases et je remets le papier dans ma poche. Je laisse poser mon esprit sur ces phrases. Au lieu de le laisser partir vers des pensées inutiles, je guide mon esprit. Je l’entraîne à aller dans la direction vers laquelle je souhaite aller. Ces méditation nous amènent vers des endroits extraordinaires en nous-mêmes, découvrant ainsi le cosmos tout entier à l’intérieur de nous-mêmes et le voir à l’extérieur, nous permettant d’entrer en contact avec nos ancêtres et nos bien-aimés vivants à l’intérieur de nous. Nous pouvons les sentir marcher en nous, avec nous. C’est un trésor.
Voici quelques livres de Thây en lien avec l’enseignement:
* Un lotus s’épanouit, en anglais Blooming of a lotus, dont vous venons d’étudier.
* Prendre soin de l’enfant intérieur, en anglais Reconciliation, est un livre très complet dans lequel on retrouve l’Anapanasatti Sutra. On y trouve également des pratiques concrètes pour entrer en contact avec l’enfant intérieur, cette partie de nous dont on ne sait pas toujours d’où elle vient. On ne sait pas toujours ce qui se passe à l’intérieur de nous.
*L’autre livre sur l’Anapanasatti Sutra, c’est La respiration essentielle, en anglais Breathe you are alive, où se trouvent le Sutra et les commentaires de Thây.
* Transformation et guérison, en anglais Transformation and healing, est un livre sur Satipatthana Sutra
* Si vous voulez approfondir la psychologie bouddhiste, il y a le livre Transformation à la base, en anglais Transformation at the base.
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