Thich Nhat Hanh explique que la sangha est plus qu’une communauté, c’est une pratique spirituelle profonde.
Traduction d’un article paru en anglais dans Lion’s Roar
Une sangha est une communauté d’ami·es qui pratiquent le Dharma ensemble afin de susciter et de maintenir une prise de conscience. L’essence d’une sangha est la pleine conscience, la compréhension, l’acceptation, l’harmonie et l’amour. Si vous ne voyez pas ces éléments dans une communauté, il ne s’agit pas d’une véritable sangha, et vous devez avoir le courage de le dire. Mais lorsque vous constatez que ces éléments sont présents dans une communauté, vous savez que vous avez le bonheur et la chance d’être dans une vraie sangha.
Dans Matthieu 5:13 du Nouveau Testament de la Bible chrétienne, nous trouvons cette déclaration : « Vous êtes le sel de la terre ; mais si le sel a perdu sa saveur, avec quoi le salera-t-on ? Il n’est plus bon à rien, sinon à être jeté dehors et à être foulé aux pieds par les hommes. » Dans ce passage, Jésus décrit ses disciples comme du sel. La nourriture a besoin de sel pour être savoureuse. La vie a besoin de compréhension, de compassion et d’harmonie pour être vivable. C’est la plus importante contribution à la vie que les disciples de Jésus peuvent apporter au monde. Cela signifie que le Royaume des Cieux doit être réalisé ici, et non ailleurs, et que les chrétiens doivent pratiquer de manière à être le sel de la vie et une véritable communauté de chrétiens.
Le sel est également une image importante dans le canon bouddhiste, et cet enseignement chrétien est équivalent à l’enseignement du Bouddha sur la sangha. Le Bouddha a dit que l’eau des quatre océans n’avait qu’un seul goût, le goût du sel, tout comme son enseignement n’a qu’un seul goût, le goût de la libération. Les éléments de la sangha sont donc le goût de la vie, le goût de la libération, et nous devons pratiquer pour devenir le sel. Lorsque nous disons : « Je prends refuge dans la sangha », ce n’est pas une déclaration, c’est une pratique.
Les arbres, l’eau, l’air, les oiseaux, etc. peuvent tous être membres de notre sangha. Un beau sentier de promenade peut faire partie de notre sangha. Un bon coussin peut l’être aussi.
Dans les écritures bouddhistes, il est dit qu’il existe quatre communautés : les moines, les nonnes, les laïcs hommes et femmes. Mais j’inclus également dans la sangha des éléments qui ne sont pas humains. Les arbres, l’eau, l’air, les oiseaux, etc. peuvent tous être membres de notre sangha. Un beau sentier de promenade peut faire partie de notre sangha. Un bon coussin peut l’être aussi. Nous pouvons faire en sorte que de nombreuses choses deviennent des éléments de soutien de notre sangha. Cette idée n’est pas entièrement nouvelle ; on la retrouve dans les soutras et dans l’Abhidharma. Un caillou, une feuille et un dahlia sont mentionnés à cet égard dans le soutra Saddharmapundarika. Il est dit dans le Soutra de la Terre Pure que si vous êtes conscient, alors lorsque le vent souffle dans les arbres, vous entendrez l’enseignement des Quatre Établissements de la Pleine Conscience, de l’Octuple Sentier, et ainsi de suite. Le cosmos tout entier prêche le bouddhadharma et pratique le bouddhadharma. Si vous êtes attentif, vous entrerez en contact avec cette sangha.
La sangha comme nos racines
Je ne pense pas que le Bouddha voulait que nous abandonnions notre société, notre culture ou nos racines pour pratiquer. La pratique du bouddhisme devrait aider les personnes à retourner dans leur famille. Elle devrait aider les personnes à réintégrer la société afin de redécouvrir et d’accepter les bonnes choses qui sont présentes dans leur culture et de reconstruire celles qui ne le sont pas.
Notre société moderne crée tant de jeunes personnes sans racines. Ils sont déracinés de leur famille et de leur société ; ils errent, pas tout à fait des êtres humains, parce qu’ils n’ont pas de racines. Bon nombre d’entre eux viennent de familles brisées et ont la sensation d’être rejetés par la société. Ils vivent en marge de la société, à la recherche d’un foyer, d’un sentiment d’appartenance. Ils sont comme des arbres sans racines. Pour ces personnes, il est très difficile de pratiquer. Un arbre sans racines ne peut rien absorber, il ne peut pas survivre. Même s’ils pratiquent intensément pendant dix ans, il est très difficile pour eux de se transformer s’ils restent une île, s’ils ne peuvent pas établir un lien avec d’autres personnes.
La pratique du bouddhisme devrait aider les personnes à se réinsérer dans la société afin de redécouvrir et d’accepter les bonnes choses qui sont présentes dans leur culture et de reconstruire celles qui ne le sont pas.
Une communauté de pratique, une sangha, peut donner une seconde chance à un jeune issu d’une famille désunie ou en rupture avec sa société. Si la communauté de pratique est organisée comme une famille avec une atmosphère amicale et chaleureuse, les jeunes peuvent réussir dans leur pratique.
La souffrance (dukkha) est l’un des plus grands problèmes de notre époque. Nous devons d’abord reconnaître cette souffrance et l’admettre. Ensuite, nous devons examiner en profondeur sa nature afin de trouver un moyen d’en sortir. Si nous examinons la situation actuelle en nous-mêmes et dans notre société, nous pouvons constater une grande souffrance. Nous devons l’appeler par son vrai nom : solitude, sensation d’être coupé, aliénation, division, désintégration de la famille, désintégration de la société.
Notre civilisation, notre culture, a été caractérisée par l’individualisme. L’individu veut se libérer de la société, de la famille. L’individu ne pense pas avoir besoin de prendre refuge dans la famille ou dans la société, et pense qu’il peut être heureux sans sangha. C’est pourquoi nous n’avons pas de solidité, nous n’avons pas d’harmonie, nous n’avons pas la communication dont nous avons tant besoin.
La pratique consiste donc à s’enraciner. La sangha n’est pas un endroit où se cacher pour échapper à ses responsabilités. La sangha est un lieu où l’on pratique pour la transformation et la guérison de soi et de la société. Lorsque vous êtes fort, vous pouvez être là pour aider la société. Si votre société est en difficulté, si votre famille est brisée, si votre église n’est plus capable de vous donner une vie spirituelle, alors vous travaillez pour prendre refuge dans la sangha afin de pouvoir restaurer votre force, votre compréhension, votre compassion, votre confiance. Et puis, à votre tour, vous pouvez utiliser cette force, cette compréhension et cette compassion pour reconstruire votre famille et votre société, pour renouveler votre église, pour rétablir la communication et l’harmonie. Cela ne peut se faire qu’en tant que communauté – pas en tant qu’individu, mais en tant que sangha.
Pour que nous puissions développer des racines, nous avons besoin du type d’environnement qui peut nous aider à nous enraciner. Une sangha n’est pas une communauté de pratique dans laquelle chaque personne est une île, incapable de communiquer avec les autres – ce n’est pas une vraie sangha. Aucune guérison ou transformation ne résultera d’une telle sangha. Une véritable sangha doit ressembler à une famille dans laquelle règne un esprit de fraternité et de solidarité.
Si nous voyons un groupe de personnes vivant en pleine conscience, capables de sourire, d’aimer, nous prenons confiance en notre avenir.
Il y a beaucoup de souffrance, oui, et nous devons embrasser toute cette souffrance. Mais pour devenir forts, nous devons aussi toucher les éléments positifs, et lorsque nous sommes forts, nous pouvons embrasser la souffrance en nous et autour de nous. Si nous voyons un groupe de personnes vivant en pleine conscience, capables de sourire, d’aimer, nous prenons confiance en notre avenir. Lorsque nous pratiquons la respiration consciente, le sourire, le repos, la marche et le travail, nous devenons un élément positif de la société et nous inspirons confiance à tous ceux qui nous entourent. C’est la façon d’éviter de laisser le désespoir nous submerger. C’est aussi la façon d’aider la jeune génération pour qu’elle ne perde pas espoir. Il est très important que nous vivions notre vie quotidienne de manière à démontrer qu’un avenir est possible.
Nous avons besoin d’une sangha
Dans ma tradition, nous apprenons qu’en tant qu’individus, nous ne pouvons pas faire grand-chose. C’est pourquoi prendre refuge dans la sangha, prendre refuge dans la communauté, est une pratique très puissante et importante. Lorsque je dis : « Je prends refuge dans la sangha », cela ne signifie pas que je veux exprimer ma dévotion. Ce n’est pas une question de dévotion, c’est une question de pratique. Sans être dans une sangha, sans être soutenu par un groupe d’amis qui sont motivés par le même idéal et la même pratique, nous ne pouvons pas aller loin.
Si nous n’avons pas de sangha de soutien, il se peut que nous ne recevions pas le type de soutien dont nous avons besoin pour notre pratique, dont nous avons besoin pour nourrir notre bodhichitta (le fort désir de cultiver l’amour et la compréhension en nous-mêmes). On parle parfois de « l’esprit du débutant ». L’esprit d’un débutant est toujours très beau, très fort. Dans une sangha saine et de qualité, on encourage notre esprit de débutant, notre bodhitchitta. La sangha est donc le sol et nous sommes la graine. Peu importe la beauté et la vigueur de notre graine, si le sol ne nous donne pas de vitalité, notre graine mourra.
L’un des frères du village des pruniers, Frère Phap Dung, est allé au Vietnam il y a quelques années avec quelques membres de la sangha. Ce fut une expérience très importante pour lui. Il était en Occident depuis qu’il était un petit enfant. Puis, lorsqu’il s’est rendu dans le nord du Vietnam, il est entré en contact avec certains des éléments les plus anciens de la culture vietnamienne, ainsi qu’avec les montagnes et les rivières du nord du pays. Il m’a écrit et m’a dit : « Notre terre du Vietnam est si belle, elle est aussi belle qu’un rêve. Je n’ose pas prendre des pas trop lourd sur cette terre du Vietnam ». Il voulait dire par là qu’il avait la pleine conscience lorsqu’il marchait. Sa pleine conscience était due à la pratique et au soutien qu’il avait dans la sangha avant de partir au Vietnam. C’est l’esprit du débutant, l’esprit que vous avez au début lorsque vous entreprenez la pratique. C’est très beau et très précieux, mais cet esprit de débutant peut être brisé, détruit, perdu s’il n’est pas nourri ou soutenu par une sangha.
Pour pratiquer la pleine conscience, nous avons besoin du bon environnement, et cet environnement est notre sangha.
Bien qu’il ait eu sa petite sangha près de lui au Vietnam, l’environnement était très distrayant, et il a vu que s’il restait trop longtemps sans la grande sangha, il serait emporté par cet environnement, par son oubli – pas seulement son propre oubli, mais l’oubli de tout le monde autour de lui. En effet, la pleine conscience de quelqu’un qui vient de commencer à pratiquer est encore faible, et l’oubli des personnes qui nous entourent est très grand et capable de nous entraîner dans la direction des cinq désirs.
Pour pratiquer la pleine conscience, nous avons besoin du bon environnement, et cet environnement est notre sangha. Sans sangha, nous sommes très faibles. Dans une société où tout le monde se précipite, où chacun est emporté par l’énergie de ses habitudes, il est très difficile de pratiquer. C’est pourquoi la sangha est notre salut. La sangha où tout le monde pratique la marche en pleine conscience, la parole en pleine conscience, l’alimentation en pleine conscience semble être la seule chance pour nous de réussir à mettre fin au cercle vicieux.
Et qu’est-ce que la sangha ? La sangha est une communauté de personnes qui sont d’accord entre elles pour dire que si nous ne pratiquons pas la pleine conscience, nous perdrons toutes les belles choses qui se trouvent dans notre âme et autour de nous. Les personnes de la sangha qui se tiennent près de nous, qui pratiquent avec nous, nous soutiennent afin que nous ne soyons pas éloignés du moment présent. Lorsque nous nous trouvons dans une situation difficile, deux ou trois amis de la sangha qui sont là pour nous, qui nous comprennent et nous aident, nous aideront à la surmonter. Même dans notre pratique silencieuse, nous nous entraidons.
Dans ma tradition, on dit que lorsqu’un tigre quitte la montagne et se rend dans la plaine, il est attrapé par les humains et tué. Lorsque les pratiquants quittent leur sangha, ils abandonnent leur pratique au bout de quelques mois. Afin de continuer à pratiquer la transformation et la guérison, nous avons besoin d’une sangha. Avec une sangha, il est beaucoup plus facile de pratiquer, et c’est pourquoi je prends toujours refuge dans ma sangha.
Comment une sangha peut nous aider
La présence d’une sangha est une merveilleuse occasion de permettre à l’énergie collective de la sangha de pénétrer dans notre corps et notre conscience. Nous tirons un grand profit de cette énergie collective. Nous pouvons nous confier à la sangha parce que la sangha pratique, et l’énergie collective de la pleine conscience est forte. Bien que nous puissions compter sur l’énergie de pleine conscience générée par notre pratique personnelle, elle n’est parfois pas suffisante. Mais si vous savez comment utiliser cette énergie de pleine conscience afin de recevoir l’énergie collective de la sangha, vous disposerez d’une source d’énergie puissante pour votre transformation et votre guérison.
Votre corps, votre conscience et votre environnement sont comme un jardin. Il se peut que quelques arbres et buissons soient en train de mourir, et que vous vous sentiez envahi par l’angoisse et la souffrance à cette vue. Vous ne savez peut-être pas qu’il y a encore beaucoup d’arbres dans votre jardin qui sont solides, vigoureux et beaux. Lorsque les membres de votre sangha viennent dans votre jardin, ils peuvent vous aider à voir que vous avez encore beaucoup de beaux arbres et que vous pouvez profiter des choses qui n’ont pas mal tourné dans votre paysage. C’est le rôle que peut jouer la sangha. De nombreuses personnes de la sangha sont capables d’apprécier un beau coucher de soleil ou une tasse de thé. Ils demeurent fermement dans le moment présent, sans laisser les soucis ou les regrets gâcher l’instant présent. En vous asseyant près de ces personnes, en marchant près d’elles, vous pouvez profiter de leur énergie et rétablir votre équilibre. Lorsque leur énergie de pleine conscience se combine à la vôtre, vous pourrez toucher la beauté et le bonheur.
Rien n’est plus important que votre paix et votre bonheur ici et maintenant. Un jour, vous serez allongé comme un cadavre et vous ne serez plus capable d’entrer en contact avec la beauté d’une fleur. Faites bon usage de votre temps ; toucher des aspects positifs de la vie en vous et autour de vous.
Ne vous enfermez pas derrière votre porte et ne vous battez pas seul. Si vous pensez que, seul, vous ne pouvez pas revenir à vos sensations fortes, vous pouvez demander à un, deux ou trois amis de s’asseoir à côté de vous et de vous apporter leur soutien. Ils peuvent vous donner l’énergie de la pleine conscience pour que vous puissiez rentrer chez vous avec confiance. Ils peuvent vous dire : « Mon frère, je sais que la douleur en toi est très profonde, et je suis là pour toi ».
Prendre refuge dans la sangha est une pratique très importante. Abandonné, seul, on se perd, on se laisse emporter. Prendre refuge dans la sangha est donc une pratique très profonde, surtout pour ceux d’entre nous qui se sentent vulnérables, tremblants, agités et instables. C’est pourquoi vous venez dans un centre de pratique, pour prendre refuge dans la sangha. Vous permettez à la sangha de vous transporter comme un bateau afin que vous puissiez traverser l’océan du chagrin.
Lorsque vous vous permettez d’être dans une sangha comme une goutte d’eau se permet d’être dans une rivière, l’énergie de la sangha peut pénétrer en vous, et la transformation et la guérison deviennent possibles.
Lorsque nous jetons une pierre dans une rivière, la pierre coule. Mais si nous avons un bateau, ce dernier peut transporter des centaines de kilos de pierres et il ne coulera pas. Il en va de même pour notre chagrin et notre douleur. Si nous avons un bateau, nous pouvons transporter notre douleur et notre chagrin, et nous ne sombrerons pas dans la rivière de la souffrance. Et quel est ce bateau ? Ce bateau est, tout d’abord, l’énergie de la pleine conscience que vous générez par votre pratique. Ce bateau, c’est aussi la sangha, la communauté de pratique composée de frères et de sœurs dans le Dharma.
Nous ne sommes pas obligés d’apporter uniquement de la joie lorsque nous venons à la sangha ; nous pouvons aussi apporter notre souffrance. Mais nous devons marcher sur le chemin de la joie avec notre souffrance, nous devons partager la joie avec nos frères et sœurs. Nous serons alors en contact avec les graines de bonheur en nous, et la souffrance s’affaiblira et se transformera. Permettez-vous d’être soutenu, d’être tenu par la sangha. Lorsque vous vous permettez d’être dans une sangha comme une goutte d’eau se permet d’être dans une rivière, l’énergie de la sangha peut pénétrer en vous, et la transformation et la guérison deviendront possibles.
La pratique est plus facile avec une sangha.
La seule façon de soutenir le Bouddha, de soutenir notre sangha, de soutenir la terre, de soutenir nos enfants et les générations futures, est d’être vraiment là pour eux. « Chéri, je suis là pour toi » est une déclaration d’amour. Vous devez être là. Si vous n’êtes pas là, comment pouvez-vous aimer ? C’est pourquoi la pratique de la méditation consiste à être présent pour ceux que nous aimons.
Être présent semble être une chose facile à faire. Pour beaucoup d’entre nous, c’est facile parce que nous en avons fait une habitude. Nous avons l’habitude de vivre le moment présent, de toucher intensément le soleil du matin, de boire notre thé du matin de tout notre être, de nous asseoir et d’être présents avec la personne que nous aimons. Mais pour certains d’entre nous, ce n’est pas si facile, car nous n’avons pas cultivé l’habitude d’être dans l’ici et le maintenant. Nous sommes toujours en train de courir, et il nous est difficile de nous arrêter et d’être ici, dans le moment présent, pour rencontrer la vie. Ceux d’entre nous qui n’ont pas appris à être présents ont besoin d’être soutenus dans cet apprentissage. Ce n’est pas difficile lorsque vous êtes soutenu par la sangha. Avec la sangha, vous serez en mesure d’apprendre l’art de s’arrêter.
La sangha est un foyer merveilleux. Chaque fois que vous retournez à la sangha, vous avez la sensation de pouvoir respirer plus facilement, de pouvoir marcher plus consciemment, de pouvoir mieux apprécier le ciel bleu, les nuages blancs et le cyprès dans votre cour. Pourquoi ? Parce que les membres de la sangha pratiquent le retour en eux mêmes plusieurs fois par jour – en marchant, en respirant, en cuisinant et en faisant leurs activités quotidiennes en pleine conscience. Tous les membres de la sangha pratiquent de la même manière, en marchant en pleine conscience, en s’asseyant en pleine conscience, en mangeant en pleine conscience, en souriant, en appréciant chaque moment de la vie.
Nous sommes toujours en train de courir, et il nous est difficile de nous arrêter et d’être là, dans le moment présent, pour rencontrer la vie. Avec la sangha, vous pourrez apprendre l’art de vous arrêter.
Lorsque je pratique la marche, je fais des pas conscients et magnifiques. Je le fais non seulement pour moi, mais aussi pour tous mes amis qui sont ici, parce que tous ceux qui me voient prendre un tel pas ont confiance en eux et se rappellent qu’ils doivent faire de même. Et quand ils font un pas dans le moment présent, en souriant et en faisant la paix avec eux-mêmes, ils nous inspirent tous. Tu respires pour moi, je marche pour toi, nous faisons des choses ensemble, et c’est ce que nous pratiquons en tant que sangha. Vous n’avez pas besoin de faire beaucoup d’efforts ; votre pratique est facile, car vous avez la sensation d’être soutenu par la sangha.
Lorsque nous sommes assis ensemble en tant que sangha, nous profitons de l’énergie collective de la pleine conscience, et chacun d’entre nous permet à l’énergie de la pleine conscience de la sangha de nous pénétrer. Même si vous ne faites rien, si vous arrêtez simplement de penser et vous permettez d’absorber l’énergie collective de la sangha, c’est très guérissant. Ne luttez pas, n’essayez pas de faire quelque chose, permettez-vous simplement d’être avec la sangha. Permettez-vous de vous reposer, et l’énergie de la sangha vous aidera, vous portera et vous soutiendra. La sangha est là pour faire en sorte que l’entraînement soit facile. Lorsque nous sommes entourés de frères et de sœurs qui font exactement la même chose, il est facile de se laisser porter par le courant de la sangha.
En tant qu’individus, nous avons des problèmes, et nous en avons aussi dans nos familles, nos sociétés et nos nations. Au XXIe siècle, la méditation doit devenir une pratique collective ; sans sangha, nous ne pouvons pas faire grand-chose. Lorsque nous commençons à concentrer notre attention sur la souffrance à une plus grande échelle, nous commençons à nous connecter et à entrer en relation avec d’autres personnes, qui sont aussi nous-mêmes, et les petits problèmes que nous avons dans notre cercle individuel disparaissent. Les petits problèmes que nous rencontrons dans notre cercle individuel disparaissent. Ainsi, notre solitude ou notre sensation d’être coupé du monde n’existe plus et nous pouvons faire des choses ensemble.
Si nous travaillons seuls sur nos problèmes, cela devient plus difficile. Lorsque vous ressentez une émotion forte, vous pouvez avoir la sensation de ne pas pouvoir la supporter. Vous pouvez faire une dépression ou avoir envie de mourir. Mais si vous avez quelqu’un, un bon ami assis à vos côtés, vous vous sentez beaucoup mieux. Vous vous sentez soutenu et vous avez plus de force pour faire face à votre forte émotion. Si vous prenez quelque chose de toxique dans votre corps, même en sachant que cela vous rendra malade, vous ne serez peut-être pas en mesure de changer vos habitudes. Mais si vous êtes entouré de personnes qui n’ont pas le même problème, il devient plus facile de changer. C’est pourquoi il est très important de pratiquer dans le contexte d’une sangha.
Parce que vous vous y sentez soutenu, la sangha est le cadre et l’environnement les plus appropriés pour pratiquer le regard profond. Si vous avez une sangha de deux, trois, peut-être même cinquante personnes qui pratiquent correctement – en tirant de la joie, de la paix et du bonheur de cette pratique – alors vous êtes la personne la plus chanceuse sur terre.
Nous n’avons pas besoin de nous forcer à pratiquer. Nous pouvons abandonner toute lutte et nous permettre d’être, de nous reposer. Pour cela, cependant, nous avons besoin d’un peu d’entraînement, et la sangha est là pour faire en sorte que cet entraînement soit facile.
Il est donc beaucoup plus facile de pratiquer dans le cadre de la sangha. Nous n’avons pas besoin de pratiquer aussi intensément. Notre pratique devient la pratique de la « non-pratique ». Cela signifie beaucoup. Nous n’avons pas besoin de nous forcer à pratiquer. Nous pouvons abandonner toute lutte et nous permettre d’être, de nous reposer. Pour cela, cependant, nous avons besoin d’un peu d’entraînement, et la sangha est là pour faire en sorte que cet entraînement soit facile. Être conscient que nous sommes dans une sangha où les personnes sont heureuses d’être conscientes, où les personnes vivent profondément les moments de leurs journées, c’est suffisant. Je me sens toujours heureux en présence d’une sangha heureuse. Si vous vous mettez dans un tel environnement, alors la transformation se produira sans grand effort. Telle est mon expérience.
Pratiquer au sein de la sangha
Si vous êtes un débutant dans la pratique, vous ne devez pas vous inquiéter de ce qu’il convient de faire. Lorsque nous sommes entourés de nombreuses personnes, nous pouvons être pris par l’idée suivante : « Je ne sais pas ce qu’il faut faire. » Cette idée peut nous mettre très mal à l’aise. Nous pouvons penser : « Je me sens gêné de ne pas faire ce qu’il faut. Il y a des personnes qui s’inclinent, et je ne m’incline pas. Les personnes marchent lentement, et je marche un peu trop vite. » Ainsi, l’idée que nous ne faisons peut-être pas ce qu’il faut peut nous gêner.
Je voudrais vous dire ce qui est vraiment la bonne chose à faire. La bonne chose à faire est de faire ce que vous faites en pleine conscience. La pleine conscience, c’est garder sa conscience vivante de la réalité présente. S’incliner peut ne pas être la bonne chose à faire si vous ne le faites pas en pleine conscience. Si vous ne vous inclinez pas mais que vous êtes conscient, ne pas le faire est la bonne chose à faire. Même si les personnes marchent lentement et que vous courez, vous faites la bonne chose si vous courez en pleine conscience. Ce qui est mal, c’est ce que vous faites sans pleine conscience. Si nous comprenons cela, nous ne serons plus embarrassés. Tout ce que nous faisons est bien si nous le faisons en pleine conscience. S’incliner ou ne pas s’incliner, là n’est pas la question. La question est de s’incliner en pleine conscience ou non, ou de ne pas s’incliner en pleine conscience ou non.
Si vous prenez un pas et que vous vous sentez en paix et heureux, vous savez que c’est la bonne pratique. Vous êtes le seul à savoir si vous le faites correctement ou non. Personne d’autre ne peut en juger. Lorsque vous pratiquez l’inspiration et l’expiration, si vous vous sentez en paix, si vous appréciez votre inspiration et votre expiration, vous savez que vous le faites correctement. Vous êtes le mieux placé pour le savoir. Ayez confiance en vous. Où que vous soyez, si vous avez la sensation d’être à l’aise et en paix, que vous n’êtes pas sous pression, alors vous savez que vous faites bien les choses.
La fonction de la cloche dans une sangha est de nous ramener à nous-mêmes. Lorsque nous entendons la cloche, nous revenons à nous-mêmes et nous respirons, et à ce moment-là, nous améliorons la qualité de l’énergie de la sangha. Nous savons que notre frère et notre sœur, où qu’ils se trouvent, s’arrêteront, respireront et reviendront à eux. Ils généreront l’énergie de la pleine conscience, l’énergie de la sangha. Lorsque nous nous regardons les uns les autres, nous avons la sensation d’être en confiance, car chacun pratique ensemble de la même manière et contribue à la qualité de la sangha. Nous sommes donc des amis sur la voie de la pratique.
Vous ne vous asseyez pas pour vous seul, vous vous asseyez pour toute la sangha – pas seulement la sangha, mais aussi pour les personnes de votre ville, car lorsqu’une personne dans la ville est moins en colère, sourit davantage, toute la ville en profite.
La sangha se fait à partir du travail des individus, nous avons donc le devoir d’aider à créer l’énergie de la sangha. Notre présence, lorsqu’elle est consciente, contribue à cette énergie. Lorsque nous sommes absents pendant les activités de la sangha, nous ne contribuons pas à l’énergie de la sangha. Si nous n’allons pas à une méditation assise, nous ne nourrissons pas notre sangha. Nous nous laissons également affamer, car nous ne profitons pas de la sangha.
Nous ne profitons pas de la sangha, et la sangha ne profite pas de nous. Ne pensez pas que nous nous asseyons pour nous-mêmes. Vous ne vous asseyez pas pour vous seul, vous vous asseyez pour toute la sangha – pas seulement la sangha, mais aussi pour les personnes de votre ville, parce que lorsqu’une personne dans la ville est moins en colère, sourit davantage, toute la ville en profite. Si nous pratiquons le regard profond, notre compréhension de l’inter-être grandira, et nous verrons que chaque sourire, chaque pas, chaque respiration est pour tout le monde. C’est pour notre pays, pour l’avenir, pour nos ancêtres.
La meilleure chose que nous puissions faire est de nous transformer en un élément positif de la sangha. Si les membres de la sangha nous voient bien pratiquer, ils auront confiance et feront mieux. Si vous êtes deux, trois, quatre, cinq, six, sept comme ça dans la sangha, je suis sûr que la sangha sera une sangha heureuse et qu’elle sera le refuge de nombreuses personnes dans le monde.
La sangha n’est pas parfaite
Notre transformation et notre guérison dépendent de la qualité de la sangha. S’il y a suffisamment de personnes souriantes et heureuses dans la sangha, celle-ci a plus de pouvoir pour guérir et transformer. Vous devez donc investir dans votre sangha. Chaque membre de la sangha a ses faiblesses et ses forces, et vous devez les reconnaître afin de faire bon usage des éléments positifs pour le bien de toute la sangha. Vous devez également reconnaître les éléments négatifs afin que vous et l’ensemble de la sangha puissiez contribuer à les embrasser. Vous ne laissez pas cet élément négatif à la personne seule, car elle n’est peut-être pas capable de le retenir et de le transformer toute seule.
Vous n’avez pas besoin d’une sangha parfaite – une famille ou une communauté n’a pas besoin d’être parfaite pour être utile. En fait, la sangha à l’époque du Bouddha n’était pas parfaite. Mais elle était suffisante pour que les gens puissent y prendre refuge, parce que dans la sangha, il y avait des personnes qui avaient suffisamment de compassion, de solidité et de vision pour embrasser d’autres personnes qui n’avaient pas autant de compassion, de solidité et de vision profonde. J’ai aussi quelques difficultés avec ma sangha, mais je suis très heureux parce que tout le monde essaie de pratiquer dans ma sangha.
Si nous vivions dans une sangha où tout le monde était parfait, où tout le monde était un bodhisattva ou un bouddha, ce serait très difficile pour nous. La faiblesse chez l’autre personne est très importante, et la faiblesse en soi est également très importante. La colère est en nous, la jalousie est en nous, l’arrogance est en nous. Ce genre de choses est très humain. C’est grâce à la présence de la faiblesse en vous et de la faiblesse chez un frère ou une sœur que vous apprenez à pratiquer. Pratiquer, c’est avoir l’occasion de se transformer. C’est donc grâce à nos faiblesses que nous apprenons à pratiquer.
Il y a des personnes qui pensent à quitter la sangha lorsqu’elles rencontrent des difficultés avec d’autres membres de la sangha. Elles ne peuvent pas supporter les petites injustices qui leur sont infligées parce que leur cœur est petit. Pour aider votre cœur à devenir de plus en plus grand, la compréhension et l’amour sont nécessaires. Votre cœur peut devenir aussi grand que le cosmos ; la croissance de votre cœur est infinie. Si votre cœur est comme une grande rivière, vous pouvez recevoir n’importe quelle quantité de saleté. Cela ne vous affectera pas, et vous pouvez transformer la saleté très facilement.
Le Bouddha a utilisé cette image. Si vous mettez un peu de terre dans un pichet d’eau, cette eau doit être jetée. Les personnes ne peuvent pas la boire. Mais si vous mettez la même quantité de saleté dans une énorme rivière, les personnes peuvent continuer à boire de l’eau de la rivière, parce que la rivière est si immense. Du jour au lendemain, cette saleté sera transformée dans le cœur de la rivière. Ainsi, si votre cœur est aussi grand qu’une rivière, vous pouvez recevoir n’importe quelle quantité d’injustice et continuer à vivre avec bonheur. Vous pouvez transformer du jour au lendemain les injustices qui vous sont infligées. Si vous souffrez encore, votre cœur n’est pas encore assez grand. C’est l’enseignement de l’abstention et de l’inclusion dans le bouddhisme. Vous ne pratiquez pas pour supprimer votre souffrance ; vous pratiquez pour que votre cœur devienne aussi grand qu’une rivière.
Un jour, le Bouddha a dit à ses disciples : « Il y a des personnes parmi nous qui n’ont pas la même capacité que nous. Ils n’ont pas la capacité d’agir correctement ou de parler correctement. Mais si nous regardons profondément, nous voyons dans leur cœur qu’il y a de bonnes graines, et nous devons donc traiter ces personnes de manière à ce que ces bonnes graines ne se perdent pas. »[1] Parmi nous, il y a des personnes dont nous pouvons penser qu’elles n’ont pas la capacité de pratiquer aussi bien que nous. Mais nous devons savoir que ces personnes ont aussi de bonnes graines, et nous devons cultiver ces bonnes graines de manière à ce qu’elles aient une chance d’être arrosées et de germer.
Nous n’avons pas besoin d’être parfaits. Je ne suis pas parfait moi-même, et vous n’avez pas besoin de l’être non plus.
Le Bouddha considérait tous ses disciples comme ses enfants, et je considère les miens de la même manière. Chacun de mes disciples est mon enfant que j’ai mis au monde. Dans mon cœur, je me sens à l’aise, je me sens léger et heureux, même si cet enfant peut encore avoir un problème. Vous pouvez aussi utiliser cette méthode. S’il y a une personne dans la sangha qui vous trouble, ne perdez pas espoir. Souvenez-vous : « Mon maître a donné naissance à cet enfant. Comment puis-je pratiquer afin de voir cette personne comme ma sœur ? Mon cœur se sentira alors plus à l’aise et je serai capable de l’accepter. Cette personne est toujours ma sœur, que je le veuille ou non. » Cette sensation et ces mots peuvent aider à dissoudre l’irritation que vous éprouvez à l’égard de cette personne.
Si l’harmonie règne dans la sangha, nous pouvons donner confiance à de nombreuses personnes. Nous n’avons pas besoin d’être parfaits. Je ne suis pas parfait moi-même, et vous n’avez pas besoin de l’être non plus. Mais si, à votre manière, vous pouvez exprimer votre harmonie dans la sangha, c’est votre cadeau.
Dans la sangha, il doit y avoir des personnes difficiles. Ces personnes difficiles sont une bonne chose pour vous – elles vont tester votre capacité à construire la sangha et à pratiquer. Un jour, lorsque cette personne vous dira quelque chose de pas très gentil, vous serez capable de sourire et cela ne vous fera pas du tout souffrir. Votre compassion sera née et vous serez capable de l’embrasser dans votre compassion et votre compréhension. Vous saurez alors que votre pratique s’est développée. Vous devriez être ravi qu’un tel acte ne vous fasse plus souffrir, que vous ayez assez de compassion et de compréhension pour l’embrasser. C’est pourquoi vous ne devriez pas être tenté d’éliminer les éléments qui vous semblent difficiles dans votre sangha.
Je vous parle à partir de mon expérience. J’ai maintenant beaucoup plus de patience et de compassion, et parce que j’ai plus de patience et de compassion, mon bonheur est devenu beaucoup plus grand. Vous souffrez parce que votre compréhension et votre compassion ne sont pas encore assez grandes pour embrasser les personnes difficiles, mais avec la pratique vous allez grandir, votre cœur va grandir, votre compréhension et votre compassion vont grandir, et vous ne souffrirez plus. Et grâce à la sangha qui pratique ensemble, grâce à votre modèle de pratique, ces personnes vont se transformer. C’est un grand succès, bien plus grand que dans le cas de personnes avec lesquelles il est facile de s’entendre.
Je prends refuge dans la Sangha
Si nous prenons refuge dans quelque chose, c’est parce que nous avons besoin de protection. Mais très souvent, nous prenons refuge dans des personnes ou des choses qui ne sont pas du tout solides. Nous avons parfois la sensation de ne pas être assez forts pour nous débrouiller seuls, et nous sommes donc tentés de chercher quelqu’un en qui nous pouvons nous réfugier. Nous sommes enclins à penser que si nous avons quelqu’un qui est fort et qui peut être notre refuge, alors notre vie sera plus facile. Nous devons être très prudents, car si nous prenons refuge dans une personne qui n’a aucune stabilité, alors le peu de solidité que nous avons nous-mêmes sera entièrement perdu. Beaucoup de personnes ont fait cela et elles ont perdu le peu de solidité et de liberté qu’elles avaient.
Lorsqu’une situation est dangereuse, vous devez vous échapper, vous devez prendre refuge dans un endroit sûr, solide. La terre est un endroit où l’on peut se réfugier parce qu’elle est solide. Nous pouvons construire des maisons sur la terre, mais nous ne pouvons pas construire sur le sable. Il en va de même pour la sangha. La pleine conscience, la concentration et la vision profonde ont construit des sanghas et des individus qui sont solides, donc lorsque vous prenez refuge dans la sangha, vous prenez refuge dans les éléments les plus solides.
Lorsque vous êtes en colère, si vous savez revenir à votre respiration consciente et prendre refuge dans votre pleine conscience, vous devenez fort. Vous pouvez demeurer paisiblement dans ce moment et vous êtes capable de faire face à la situation d’une manière beaucoup plus lucide. Vous savez qu’il y a en vous les éléments de pleine conscience, de concentration et de vision profonde. Ces graines sont toujours là. Si vous avez un ami, un maître, une sangha qui peut vous aider à toucher ces graines et à les faire pousser, alors vous bénéficiez de la meilleure protection qui soit.
C’est le rôle que joue la sangha en nous soutenant, en nous protégeant et en nous nourrissant. La stabilité et la joie règnent dans la sangha. La sangha se consacre à la pratique de la pleine conscience, de la concentration et de la vision, et si chaque membre de la sangha profite de sa propre pleine conscience, il peut aussi prendre refuge dans l’énergie collective de la pleine conscience, de la concentration et de la vision profonde de la sangha. C’est pourquoi il existe un sentiment de solidité et de sécurité dans la sangha. Nous n’avons pas peur car la sangha est là pour nous protéger.
C’est comme les volées d’oies sauvages qui voyagent ensemble du nord au sud en grand nombre. Si un oiseau part seul, il sera facilement attrapé, mais s’ils restent ensemble, ils sont beaucoup plus en sécurité. Près du Village des Pruniers, des chasseurs utilisent un cri d’oiseau pour attirer les oies vers le bas. Si une oie sauvage quitte le troupeau et descend seule, elle sera facilement abattue par les chasseurs.
Il en va de même avec la sangha. Si nous pensons que nous pouvons vivre seuls, en dehors de la sangha, nous ne connaissons pas notre propre force ou notre propre faiblesse. Grâce à la sangha, nous n’entrons pas dans les chemins de l’obscurité et de la souffrance. Même lorsque la sangha semble ne rien faire du tout, en fait elle fait beaucoup, car dans la sangha il y a la protection.
Sans la sangha, nous tombons facilement dans les pièges des cinq désirs. Une fois dans ces pièges, nous serons brûlés par les flammes des afflictions et de la souffrance. S’entraîner à la pleine conscience et prendre refuge dans la protection de la sangha est un très bon moyen d’éviter de tomber dans les pièges des cinq désirs. Nous pratiquons les entraînements à la pleine conscience afin qu’ils nous protègent. Le reste de la sangha suivra également les mêmes entraînements à la pleine conscience et nous aidera.
Certaines personnes m’ont dit qu’elles n’avaient jamais eu la sensation de sécurité avant de venir à une retraite. Puis, après s’être assis, avoir mangé et avoir marché en pleine conscience avec la sangha, ils éprouvent pour la première fois une sensation de sécurité. Même les petites créatures qui vivent à proximité se sentent plus en sécurité, parce que nous sommes conscients et faisons de notre mieux pour ne pas leur faire de mal. Cette sensation de sécurité peut mener à la joie. Nous pouvons pratiquer de la sorte :
En inspirant, je vois que je fais partie d’une sangha, et que je suis protégé par ma sangha.
En expirant, je ressens de la joie.
Le Dharma peut vous protéger – non pas le Dharma au sens d’un enseignement ou d’un livre – mais le Dharma en tant que pratique incarnée par des personnes comme vous. Lorsque vous pratiquez la respiration consciente, la marche consciente, l’écoute consciente de la cloche, vous apportez en vous les éléments de paix et de stabilité, et vous êtes protégé pendant ce temps. Vous commencez à rayonner l’énergie de stabilité et de paix tout autour de vous. Cela vous aidera à protéger vos enfants et vos proches. Même si vous ne parlez pas du Dharma avec vos mots, vous parlez du Dharma avec votre corps, avec votre inspiration, avec votre expiration, avec votre vie. C’est le Dharma vivant. Nous en avons grandement besoin, tout comme nous avons besoin de la sangha vivante.
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