Le 20 mars 2021 fut un jour de commémoration au Village des Pruniers, afin d’honorer la mémoire du maître de Thich Nhat Hanh (aussi appelé notre ‘grand-père enseignant’ ou Maître Grand-Père) Maître Thanh Quý- Chân Thật ; nous vous offrons ci-dessous quelques-uns des souvenirs évoqués à cette occasion.
Cher.e.s ami.e.s du Village des Pruniers,
Notre Grand Père, Maître Thanh Quý – Chân Thật, le professeur du maître zen Thich Nhat Hanh, est très respecté non seulement pour sa grande dignité spirituelle, mais aussi pour sa rare humilité, ainsi que pour son grand amour et sa discrétion à l’égard de ses étudiants.
Réjouissons-nous ensemble des souvenirs que notre oncle enseignant Chí Mậu (frère cadet du maître zen Thich Nhat Hanh) conservait de notre grand-père enseignant, afin de connaître et chérir les précieuses valeurs spirituelles dont nous avons hérité de l’un de nos ancêtres spirituels.
Notre Grand Père, Maître Thanh Quý – Chân Thật
(Quelques récits relatés par notre Oncle, le Maître Chí Mậu)
La pratique de notre Maître Grand-Père et son aspiration à aider les autres étaient infiniment grandes et il est impossible de les décrire toutes. Sa pratique était très belle : il était humble, toujours joyeux et débordait d’amour bienveillant et de compassion.
Lors d’un petit incident, constatant que les bébés moines1 ne pensaient qu’à s’amuser et étaient paresseux à l’idée d’étudier les soutras, Grand-père, Maître Thanh Quý, les appela dans sa chambre, un par un, pour les encourager avec amour : « Tiens, j’ai un paquet de bonbons et je te le donne ; fais de ton mieux pour étudier et mémoriser les soutras rapidement, et n’en parle pas aux autres ». Chaque bébé moine fut ainsi appelé dans sa chambre et reçut la même consigne. Après avoir reçu le bonbon, chaque bébé moine se sentait très heureux, pensant que Maître Grand-père l’aimait plus que tout autre, et faisait alors de son mieux pour étudier afin de recevoir l’affection de ‘Grand-père’. C’est ainsi qu’à cette époque, tous les bébés moines mémorisèrent très rapidement les soutras.
Vint un jour d’hiver où ce fut le tour d’un petit moine de faire la cuisine, et il se réveilla tard à cause du froid. Il se précipita vers l’entrepôt pour sortir le riz à cuire et, sans s’en rendre compte, heurta la plus grande marmite, qui tomba sur le sol et se brisa en deux. Le bébé moine eut si peur qu’il courut pleurer jusqu’au tamarinier près de l’étable. Maître Grand-père se rendait souvent dans le jardin avec sa canne ; en entendant des pleurs, il chercha autour de lui et trouva le bébé moine. Il s’approcha du bébé moine et lui demanda : “Mon petit, pourquoi pleures-tu ? Ta famille te manque-t-elle ? » Le bébé moine joignit ses paumes et raconta en détail ce qui s’était passé. Après l’avoir écouté, Maître Thanh Quý le réconforta et lui dit: « Ça ne fait rien. Viens, suis-moi, je vais te donner de l’argent, et tu pourras aller en ville avec l’oncle Kien et en acheter une nouvelle pour la remplacer. »
Après avoir acheté le pot, l’oncle et le bébé moine le rapportèrent à la maison et le rangèrent ; c’est alors que le bébé moine constata qu’il était nettement plus récent que tous les autres pots et il prit encore très peur. Il dit alors au maître grand-père : « Cher maître, la marmite est toute neuve. Tôt ou tard, le coordinateur du travail s’en apercevra et me grondera ». Grand Père rit de bon coeur et lui répondit : « J’ai un plan. Ce soir, tu emporteras le pot dans un coin du champ et tu y mettras des brindilles de pin à brûler. Après les avoir brûlées toute la nuit, la nouvelle marmite aura exactement la même apparence que l’ancienne. » Le bébé moine fit exactement ce qu’on lui avait dit et, le matin, lorsqu’il retira la cendre, la marmite était exactement la même que celle qu’il avait cassée à l’origine. Tout heureux, il alla présenter ses respects à ‘Grand-Père’. Depuis ce jour, sa gratitude à l’égard de Maître Grand-Père est restée profondément ancrée au sein de son esprit et de son cœur. Le bébé moine qui avait brisé la marmite n’était autre que moi-même (Maître Oncle Chí Mậu).
Lorsque nous écoutons les lettres écrites par les Très Vénérables, nous devons être respectueux, comme s’ils étaient présents.
Maître Grand-Père s’adressant à un moine novice recevant une lettre d’un grand Vénérable.
L’hiver, le temps était froid et il pleuvait abondamment et, régulièrement, les petits moines du temple remuaient et pilonnaient le blé. Cette activité vous apporte de la chaleur l’hiver. À cette époque, on servait deux repas par jour au temple, le premier à 9 heures du matin et l’autre à 5 heures du soir. Si venait le moment de baratter le blé alors que le coordonnateur du travail n’était pas à la maison, c’est Maître Grand-Père qui, aidé de son bâton de marche, se rendait là où les jeunes moines travaillaient ; et il leur enseignait :“Mes chéris, vous devriez emporter le riz et le moudre : ainsi, chaque matin, vous pourrez en mélanger quelques cuillerées dans de l’eau chaude et du sucre, pour votre petit-déjeuner. Si vous mangez cela le matin, quand vous vous réveillez tôt pour balayer la cour du temple, vous pourrez mieux résister au vent et au froid. Mais n’oubliez pas qu’il ne faut rien dire au coordinateur de travail, car vous seriez grondé, d’accord ?” Les petits moines aimaient et respectaient beaucoup le Maître Grand-Père grâce à l’amour qu’il leur portait.
Outre sa vertu compatissante, il incarnait aussi une grande humilité. Lorsque des amis laïcs venaient rendre hommage au Bouddha, ils demandaient aussi de toucher la terre aux pieds du Maître Grand-Père. Non seulement refusait-il de les laisser faire, mais il disait : « Si tu touches la terre à mes pieds, je le ferai moi aussi !» Vraiment, s’il y avait une personne capable de toucher la terre face à lui, ne serait-ce qu’une fois, cette personne devrait posséder un mérite incroyable ! Un beau jour, le Maître Grand-Père du temple de Thuyến Tôn dit à l’un de ses petits moines de remettre une lettre d’invitation à notre ‘Grand-Père’ : il souhaitait l’inviter au temple de Thuyến Tôn. Le petit moine demanda respectueusement que le Maître Grand-Père prenne une position assise afin que la lettre d’invitation puisse être lue, mais il resta debout et ne s’assit pas. Puis il dit au petit moine : « Quand nous écoutons les lettres écrites par les Très Vénérables, nous devons être respectueux, comme s’ils étaient présents. »
- Enfant entrant dans la vie monastique à un très jeune âge, en apprentissage pour recevoir les préceptes de novice. ↩︎